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La douceur : une qualité pour hériter la Terre !

par Peter Nathan
Personne pensive

Dans Son « sermon sur la montagne », la troisième béatitude enseignée par Jésus fut : « Heureux les débonnaires, car ils hériteront la terre ! » (Matthieu 5 :5). Auparavant, Il avait inspiré David à déclarer, à propos du même héritage, que les débonnaires « feront leurs délices d’une abondance de paix » (Psaume 37 :11, Darby).

Il faut tout d’abord noter que le terme débonnaire est souvent mal compris de nos jours. La signification ancienne du mot était : « D’une bonté poussée à l’extrême […] bienveillant, bon, clément, indulgent » (Dictionnaire Le Grand Robert). Une meilleure traduction moderne du mot débonnaire serait « humble de cœur » ou « ceux qui sont doux » : « Heureux ceux qui sont doux, car ils hériteront la terre ! » (Matthieu 5 :5, Colombe).

Ces promesses décrivent une existence merveilleuse, paisible et éternelle – mais pourquoi seulement les débonnaires – ceux qui sont doux – auront-ils part à cet héritage ? Quel est le rapport entre la douceur et le fait d’hériter la Terre ou d’avoir la paix en abondance ?

La douceur est souvent mal comprise

En évoquant la « douceur », nous avons souvent tendance à penser à la personnalité : quelqu’un qui est assez conciliant, qui ne fait pas d’histoires, qui fait ce qu’on lui demande. Les lexiques et autres outils linguistiques définissent souvent le concept de la douceur comme étant de la tendresse, de l’humilité et de la soumission. En réalité, ces qualités sont associées à la douceur, mais elles ne définissent pas ce mot. Les Écritures du Nouveau Testament montrent aisément cette relation. Prenez une concordance et une Bible, puis examinez les termes « doux » ou « douceur ». Vous verrez que la plupart des traductions récentes n’utilisent plus ces termes. Elles ont tendance à utiliser « humilité » ou « tendresse ». Le concept de la douceur s’est perdu avec le temps car beaucoup d’érudits ont du mal à le comprendre. Qu’en est-il de nous ? Cette compréhension est très importante car sans la douceur, nous n’hériterons pas la Terre.

La douceur a une signification très différente. En tâtonnant pour trouver une définition appropriée du mot « douceur », beaucoup lui ont accordé une connotation négative. Mais la douceur n’est pas de la « faiblesse ». Cette négation ne transmet pas par la vision complète que Jésus-Christ souhaitait nous faire comprendre lorsqu’Il donna cette béatitude.

Deux exemples de douceur

Nous comprendrons mieux ce qu’est la douceur (ou “être doux”) en l’examinant dans le contexte des Écritures, plutôt que dans un lexique ou un dictionnaire. La qualité de la douceur, et comment elle est liée à notre avenir de dirigeants avec Jésus-Christ dans Son Royaume, est bien illustrée lorsque nous considérons les exemples de deux individus qui incarnèrent la douceur. Le premier exemple se trouve dans l’Ancien Testament et l’autre dans le Nouveau. Les termes utilisés, respectivement en hébreu et en grec, sont équivalents. Ainsi, nous pouvons donc avoir la certitude que nous examinons la même qualité.

Moïse est le premier personnage que les Écritures décrivent comme étant « doux » : « Or, Moïse était un homme fort patient [mieux traduit par “doux” dans les versions Darby ou Ostervald], plus qu’aucun homme sur la face de la terre » (Nombres 12 :3).

Moïse était tout sauf un homme faible ! Il était habile dans l’art de la guerre pour conduire les armées de l’Égypte (comme le rapporte l’historien Josèphe), et il avait été instruit dans la politique égyptienne au point d’être considéré comme une menace potentielle pour Pharaon – ces deux caractéristiques révèlent un homme de pouvoir et de détermination. Il fallait une personne ayant de l’assurance et étant capable de faire preuve d’une certaine fermeté pour être placé à la tête des enfants d’Israël. Cette fonction impliquait de pouvoir se présenter devant un pharaon pour plaider la cause d’Israël et mener ensuite cette multitude hors d’Égypte à travers le désert du Sinaï, sur le chemin de la Terre promise. Moïse ne pouvait assurément pas être décrit comme étant faible ! Pourtant, c’était un homme « très doux » selon les dires de l’Éternel. Comment une personne aussi accomplie pouvait-elle être aussi douce ?

Pourquoi Moïse fut-il ainsi décrit par Dieu ? Nous trouvons un indice important en découvrant son attitude lorsqu’il fit cette demande à l’Éternel : « Maintenant, si j’ai trouvé grâce à tes yeux, fais-moi connaître tes voies ; alors je te connaîtrai, et je trouverai encore grâce à tes yeux. Considère que cette nation est ton peuple » (Exode 33 :13).

Moïse reconnaissait clairement que les Israélites appartenaient à Dieu, pas à lui. Il les conduisit en suivant les directives que l’Éternel lui révélait, pas à sa propre manière. Sa vie était entièrement basée sur cet état d’esprit. Cela définissait le genre de relation qu’il entretenait avec son Créateur – et que nous devrions avoir.

Moïse était un homme très compétent, mais aussi très réceptif aux enseignements de son Créateur. C’est d’ailleurs un élément-clé de la douceur et d’une bonne relation avec Dieu.

Jésus-Christ est bien évidemment l’exemple parfait de la douceur. En tant qu’homme, Il ne s’est jamais retenu pour proclamer la voie de Son Père, même devant les auditoires les moins réceptifs et les plus inhospitaliers. Il a affronté la perspective de la mort à plusieurs occasions et, à la fin de Son ministère, Il n’a pas reculé en s’offrant Lui-même comme sacrifice pour l’humanité. Il déclara à Son propre sujet : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez le repos pour vos âmes » (Matthieu 11 :28-29 ; cf. Matthieu 21 :5).

Aller au cœur de la douceur

La douceur est bien plus qu’une attitude d’ouverture à l’égard des autres – le fait de donner aux autres. Jésus nous offre le repos grâce à Sa douceur – le psalmiste nous donne un parallèle intéressant au sujet des personnes douces. La douceur est liée à une relation. Que trouvons-nous au centre de la douceur du Christ ?

« Car je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. Or, la volonté de celui qui m’a envoyé, c’est que je ne perde aucun de tous ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour » (Jean 6 :38-39).

Jésus-Christ consacra Sa vie entière sur la Terre à tenir le rôle que Son Père Lui avait confié. Ceci inclut Son plan de salut pour toute l’humanité, dans les moindres détails, au point d’accepter de souffrir une mort horrible sur la croix. Lors de la dernière Pâque, juste avant d’être arrêté, battu et crucifié, Jésus-Christ pria Son Père et déclara qu’Il avait achevé cette œuvre (Jean 17 :1-19).

Le mot hébreu traduit par « doux » décrit un serviteur – entièrement soumis – au Dieu d’Israël. La douceur décrit donc un acte de soumission volontaire à Dieu, sans restriction.

Les exemples de Moïse et de Jésus nous donnent la définition ultime de la douceur. Ce sont des exemples d’individus qui se sont préparés à se soumettre totalement, complètement et inconditionnellement à la volonté de Dieu. Ces hommes sont des exemples de dirigeants serviteurs.

La douceur n’est pas une question de personnalité. Elle exprime plutôt une conversion et un engagement à un autre mode de vie. Comme Jésus l’a enseigné : « Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais seulement celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 7 :21).

Paul comprenait très bien cette idée. Il enseigna à l’Église de Corinthe – et à nous aujourd’hui – de rechercher la volonté de Dieu le Père et de Jésus-Christ pour « [renverser] les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu, et [amener] toute pensée captive à l’obéissance de Christ » (2 Corinthiens 10 :5).

Moïse a suivi ce principe lorsqu’il plaça l’enseignement qu’il avait reçu des Égyptiens – son entraînement militaire et politique – après la volonté de l’Éternel. Arriver à ce niveau-là est un grand défi. Cela demande beaucoup d’efforts et de temps pour y parvenir. Dieu travailla avec Moïse pendant quarante ans dans le désert afin de le préparer à ce rôle. Jacques expliqua comment atteindre ce standard : « Sachez-le, mes frères bien-aimés. Ainsi, que tout homme soit prompt à écouter, lent à parler, lent à se mettre en colère ; car la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu. C’est pourquoi, rejetant toute souillure et tout débordement de méchanceté [tout excès de malice], recevez avec douceur la parole qui a été plantée en vous, et qui peut sauver vos âmes » (Jacques 1 :19-21).

La repentance du péché doit être suivie par une attitude de douceur – c’est-à-dire totalement soumise et réceptive à l’enseignement – imprégnée de la parole de Dieu. Cela signifie que nous devons être fermement attachés à la vigne, qui est Jésus-Christ, et soumettre notre volonté à la Sienne (et à celle de Son Père) afin que nous puissions revêtir davantage Son caractère – la parole vivante de Dieu. La douceur – le fait d’être doux – est un fruit que nous produisons en vivant selon le mode de vie divin. Être attaché à cette vigne indique que nous recevons les éléments nutritifs nécessaires à une saine croissance, par le Saint-Esprit qui réside en nous et que Dieu nous a donné. La douceur est donc une qualité spirituelle (Galates 5 :22).

La mauvaise approche du monde

Dans le monde qui nous entoure, nous sommes témoins d’un manque significatif de douceur – y compris sur le plan physique. Les gens cherchent leur propre volonté plutôt que celle du Père. Chacun se sent habilité à exprimer ses opinions personnelles. Même parmi ceux qui affirment entretenir une relation avec Dieu, il y en a qui succombent à la tentation de manifester leurs opinions, parfois d’une façon agressive et hostile, en créant des disputes et des divisions plutôt qu’en apportant la justice et la paix. Parmi de tels individus, certains s’imaginent que Dieu travaille avec eux et leur révèle des choses, mais les fruits dans leur vie démentent clairement cette affirmation. Ces gens ont une trop haute opinion de leurs idées personnelles. Souvent, ils ont un problème avec le gouvernement de l’Église et ils créent leur propre version de « l’Église de Dieu ». La douceur selon Dieu ne s’épanouit pas dans ce genre de confusion.

Jacques décrivit à la fois la cause et le remède de cette maladie : « Lequel d’entre vous est sage et intelligent ? Qu’il montre ses œuvres par une bonne conduite avec la douceur de la sagesse. Mais si vous avez dans votre cœur un zèle amer et un esprit de dispute, ne vous glorifiez pas et ne mentez pas contre la vérité. Cette sagesse n’est point celle qui vient d’en haut ; mais elle est terrestre, charnelle, diabolique. Car là où il y a un zèle amer et un esprit de dispute, il y a du désordre et toutes sortes de mauvaises actions. La sagesse d’en haut est premièrement pure, ensuite pacifique, modérée, conciliante, pleine de miséricorde et de bons fruits, exempte de duplicité, d’hypocrisie. Le fruit de la justice est semé dans la paix par ceux qui recherchent la paix » (Jacques 3 :13-18).

Pour Jacques, comme dans le reste de la Bible, le test décisif de la « douceur de la sagesse » est l’exact opposé d’un « zèle amer et un esprit de dispute ». Cette « douceur de la sagesse » est décrite par les huit qualités spirituelles énumérées aux versets 17 et 18 (lisez les instructions de Paul à ce sujet dans Galates 6 :1, Éphésiens 4 :2, Colossiens 3 :12 et 2 Timothée 2 :25).

Au final, la douceur définit la façon dont nous cherchons à faire la volonté de notre Père céleste dans notre vie. Cela nous permet de comprendre pourquoi ceux qui sont doux hériteront la Terre. Jadis, le Père avait donné le contrôle de notre planète à un être (Satan) qui a fini par refuser de faire la volonté de son Créateur. Le Père ne confiera plus jamais le gouvernement de cette Terre, ou de Sa création, à un être qui ne s’engagera pas clairement à rechercher et à faire Sa volonté en toutes choses.

De plus, les doux ne gouverneront pas seulement la Terre avec Jésus-Christ sous le Père, mais ils bénéficieront aussi d’une protection contre les malheurs de l’humanité. Sophonie fut inspiré à nous rapporter : « Cherchez l’Éternel, vous tous, humbles du pays, qui pratiquez ses ordonnances ! Recherchez la justice, recherchez l’humilité ! Peut-être serez-vous épargnés au jour de la colère de l’Éternel » (Sophonie 2 :3).

Une fois encore, notez que la douceur est associée aux qualités mêmes du caractère de Dieu – la justice, la droiture et l’humilité – en décrivant un engagement actif en se soumettant aux lois de Dieu.

En résumé, voici les différents points que nous avons établis concernant la douceur :

  • La douceur définit une relation avec Dieu le Père et avec Jésus-Christ, dans laquelle nous cherchons la volonté divine et nous y obéissons. Dans une telle relation, nous comptons sur Dieu plutôt que sur nos propres instincts et nos idées. Cela témoigne de notre relation avec Dieu au sein de la nouvelle alliance.

  • Dieu a défini les paramètres, les qualités et les fruits d’une telle relation. Il ne nous laisse pas le soin d’en décider. J’ai connu une personne qui disait : « C’est uniquement entre Dieu et moi. » À chaque fois que j’ai entendu cette phrase, je savais qui avait réellement défini la relation ; c’était l’ego d’une telle personne, pas Dieu.

  • La douceur dont les Écritures font l’éloge n’est pas simplement un trait de personnalité ; c’est un fruit du Saint-Esprit qui ne peut se manifester que par cet Esprit qui réside en nous (Galates 5 :22-26).

  • Bien que l’humilité représente une grande partie de la douceur, la douceur est beaucoup plus qu’être humble. Certaines personnes peuvent aussi entretenir une fausse humilité.

  • Notre douceur résulte d’une relation de confiance et d’assurance à l’issue de laquelle Dieu le Père nous confiera le pouvoir sur toutes choses pour l’éternité (Hébreux 2 :8), en sachant que Ses enfants feront ce qu’Il désire. Ils ne se rebelleront pas contre le Père comme le fit Satan.

  • Par-dessus tout, la douceur dans notre relation avec Dieu finit par se refléter dans nos relations avec notre prochain, de sorte que la paix et la droiture prévalent. La douceur produit ces fruits, pour l’honneur et la gloire du nom du Père.

Le fait d’avoir cette qualité de la douceur et ce genre de relations nous permettra, à vous et à moi, d’hériter toutes choses – en naissant finalement afin de vivre pour l’éternité dans ce Royaume de paix !