À la voix et au son de la trompette
La Fête des Trompettes n’est jamais mentionnée par ce nom dans le Nouveau Testament et pourtant cette section de la Bible utilise fréquemment des descriptions issues de la compréhension du mot hébreu de ce jour. Par conséquent, le fait de comprendre le mot hébreu utilisé pour décrire cette Fête – et la façon dont il est utilisé dans les Écritures – nous permet aussi d’apprécier l’importance de ce jour dans le plan de Dieu, comme ce fut le cas pour l’Église originelle.
Les nombreux sermons que nous avons entendus à propos de la Fête des Trompettes se basent souvent sur des allusions et des symboles se rapportant aux événements associés à cette occasion. Les détracteurs, qui rejettent l’observance des Jours saints, argumentent que la Fête des Trompettes n’est pas mentionnée nommément dans le Nouveau Testament et ils en tirent une fausse conclusion en estimant que cette Fête ne s’appliquait donc plus aux disciples de Jésus-Christ. Cependant, les allusions et la symbolique que les apôtres furent inspirés à inclure dans leurs écrits établissent un lien très solide avec cette Fête. Lorsqu’ils sont bien compris, ils deviennent un témoignage puissant prouvant que l’Église originelle comprenait bien le rôle et le but de la Fête des Trompettes dans le plan de Dieu, comme nous le comprenons aujourd’hui.
En décrivant Son retour, Jésus-Christ montra qu’Il sera accompagné par des anges et par le son d’une trompette. À ce signal, tous les morts en Christ reviendront à la vie pendant la première résurrection (Matthieu 24 :31). Paul décrivit ce même événement en écrivant à l’Église de Thessalonique : « Car le Seigneur lui-même, à un signal donné, à la voix d’un archange, et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts en Christ ressusciteront premièrement » (1 Thessaloniciens 4 :16).
Jésus et Paul mentionnent deux éléments-clés lors de cet événement – des voix angéliques et le son d’une trompette. Paul apporte plus de détails en écrivant que ces anges seront conduits par un archange. Ces éléments sont essentiels pour le Jour des Trompettes. Et cela nous ramène à Lévitique 23 :24, que nous citons chaque année en célébrant cette Fête : « Parle aux enfants d’Israël, et dis : Le septième mois, le premier jour du mois, vous aurez un jour de repos, publié au son des trompettes, et une sainte convocation » (traduction Louis Segond). Une lecture attentive de ce verset nous révèle un détail auquel nous prêtons rarement attention. Dans certaines traductions, le mot « trompettes » est écrit en italique, signifiant qu’il a été soit ajouté pour notre compréhension, soit remplacé par un autre mot. La traduction (très) littérale effectuée par André Chouraqui formule ainsi le verset 24 : « Parle aux Benéi Israël pour dire : La septième lunaison, le premier de la lunaison sera pour vous shabatôn, mémoire d’ovation, vocation sacrée. »
Louis Segond utilisa l’expression « au son des trompettes » en se basant sur mot hébreu terû’â, qui désigne plus précisément un son puissant, peu importe qu’il soit produit par des voix humaines ou des trompettes. La Bible vaudoise de l’Olivétan, première Bible française entièrement traduite à partir des textes originaux en 1535, formule ainsi Lévitique 23 :24 : « Le premier jour du septième mois vous aurez le mémorable repos de jubilation, [lequel] sera sainte convocation. » Dans la version Colombe (réputée proche de l’original), nous lisons : « Le septième mois, le premier du mois, vous aurez un jour férié, rappelé par une clameur : c’est une sainte convocation. » Le Nouveau Commentaire Biblique (éditions Emmaüs) explique que « le mot “trompette” ne se trouve pas dans le texte hébreu. Le mot terû’â indique soit le “cri” du peuple, soit une “sonnerie” de trompette. Peut-être faut-il associer ces deux notions. »
Le plus fascinant dans l’étude de l’utilisation du terme terû’â dans les Écritures est la façon dont il est utilisé et associé avec notre compréhension de la Fête des Trompettes dans le Nouveau Testament.
Nous savons que les trompettes devaient retentir pendant ce jour, comme à chaque nouvelle lune. Les sacrificateurs utilisaient deux trompettes d’argent pour proclamer cet événement (Nombres 10 :10). Mais seulement deux prêtres à la fois pouvaient en jouer (Nombres 10 :2). Ces trompettes seules pouvaient créer un terû’â pour partir à la guerre (2 Chroniques 13 :12), mais dans la plupart des cas, ce terme associe des cris humains au son des trompettes. La description donnée dans Lévitique 23 montre que les cris et le bruit étaient beaucoup plus puissants que le son de deux trompettes seules. Le verset parallèle dans Nombres 29 :1 utilise le même mot hébreu, qui est traduit par « acclamation » (TOB) ou « (marqué par une) clameur » (Colombe).
Le mot hébreu terû’â peut aussi bien désigner un cri de joie ou un signal d’alarme. Cette clameur est souvent accompagnée du son des trompettes. Mais le plus intéressant est l’utilisation de ce mot dans les Écritures et la façon dont les rédacteurs du Nouveau Testament (rédigé en grec et non en hébreu) ont été inspirés à se servir d’une symbolique associant les cris et le son des trompettes pour décrire le retour de Jésus-Christ comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs. Ce terme peut décrire soit un cri de guerre (de victoire ou d’alarme), soit une occasion joyeuse célébrant une arrivée : celle d’un roi, de l’arche de l’Alliance, du salut ou la confirmation d’un serment lié à l’Alliance.
Nous pouvons en apprendre davantage en étudiant chacun de ces usages et en voyant comment les apôtres utilisèrent ces relations dans les écrits du Nouveau Testament.
Un cri de guerre
La première occurrence de ce mot fut les cris poussés par les enfants d’Israël lorsqu’ils marchèrent pendant le septième jour autour de la ville de Jéricho : « Quand ils sonneront de la corne retentissante, quand vous entendrez le son de la trompette, tout le peuple poussera de grands cris [terû’â]. Alors la muraille de la ville s’écroulera, et le peuple montera, chacun devant soi » (Josué 6 :5, voir aussi verset 20). Avec le son des trompettes, les cris (terû’â) étaient le signal donné pour que les murs de Jéricho s’effondrent, permettant à Israël de détruire la ville et de commencer à hériter le pays. Jéricho symbolisait la destruction des systèmes de ce monde, qui seront remplacés par le Royaume de Dieu établi dans toute sa gloire.
Sophonie fut inspiré à associer la destruction des villes fortifiées de ce monde avec le son de la trompette et les cris de guerre (terû’â) en parlant du Jour du Seigneur (Sophonie 1 :14-16). De la même manière, Jérémie associa ces deux sons – la trompette et les cris de guerre – avec la nécessité de parler contre les péchés de son peuple (Jérémie 4 :19 ; 49 :2).
L’apôtre Jean utilisa le son de la trompette et les cris en déclarant que les royaumes de ce monde deviendraient la propriété de Jésus-Christ à Son retour. Ces lignes ont aussi été utilisées dans l’oratorio de Händel, Le Messie : « Le septième ange sonna de la trompette. Et il y eut dans le ciel de fortes voix qui disaient : Le royaume du monde est remis à notre Seigneur et à son Christ ; et il régnera aux siècles des siècles » (Apocalypse 11 :15).
Après avoir décrit le septième sceau de l’Apocalypse – le début du Jour du Seigneur – avec sept anges à qui « sept trompettes leur furent données » (Apocalypse 8 :1-2), Jean ajouta que les événements inaugurant le règne du Christ seront accompagnés de la même manière par « la voix forte d’une foule nombreuse » (Apocalypse 19 :1-6).
Des acclamations pour le Roi
En prophétisant au sujet d’Israël auprès de Balak, le roi de Moab, Balaam nota que « l’on y entend des acclamations [terû’â] comme pour un roi » (Nombres 23 :21, Ostervald). À ce moment-là, Israël n’avait pas de roi physique, mais l’Éternel – qui devint Jésus-Christ – était leur Roi. Dieu avait accordé à Balaam de comprendre cette vérité, mais les Israélites ne la comprenaient pas.
Les rédacteurs des Psaumes appréciaient le rôle de l’Éternel, le Dieu d’Israël. En décrivant une scène qui fait référence au retour du Christ comme Seigneur, Ethan l’Ézrachite bénit le peuple « qui connaît les cris [terû’â] de joie ! » Le résultat fut que le peuple marcha à la clarté de la face de l’Éternel (Psaume 89 :16-17, Ostervald).
En parlant prophétiquement de l’établissement du Royaume de Dieu sur la Terre entière, les fils de Koré écrivirent que « Dieu monte au milieu des cris [terû’â] de triomphe », pendant que le son de la trompette célèbre le Seigneur (Psaume 47 :6-7). À d’autres occasions, les psalmistes parlèrent du couronnement du Roi – en mentionnant spécifiquement le Seigneur – au son des chanteurs, des instruments et du tambourin (Psaume 68 :25-26 ; voir aussi Psaume 150, notamment au verset 5 avec “les cymbales retentissantes [terû’â]”).
Voyons aussi comment Matthieu et Jean utilisèrent les symboles des cris et des trompettes dans les récits annonçant le retour de Jésus-Christ. Les phrases triomphales d’Apocalypse 11 :15 sont accompagnées par le son des trompettes et de fortes voix, en proclamant que les royaumes de ce monde sont remis à Jésus-Christ qui inaugure Son règne. Le Royaume de Dieu sera établi sur toute l’humanité et sur la Terre. Voyez aussi ce que firent les gens lorsque Jésus entra dans Jérusalem sur le dos d’un ânon (Matthieu 21 :5-9).
L’arche de l’Alliance
Lorsque le roi David fit entrer l’arche de l’Alliance dans Sion, le mot terû’â est à nouveau utilisé – en décrivant des « cris de joie » accompagnés du « son des trompettes » (2 Samuel 6 :15 ; 1 Chroniques 15 :28). Bien des années auparavant, sous la direction du juge et sacrificateur Éli, les Israélites emmenèrent l’arche sur le champ de bataille contre les Philistins et le peuple cria de joie lorsqu’elle arriva au milieu d’eux. Cependant, leur joie se transforma en tristesse lorsque les Philistins la capturèrent (1 Samuel 4 :5-11).
Notez maintenant le scénario rapporté par l’apôtre Jean lorsque l’arche de l’Alliance apparaîtra au son de la septième trompette (Apocalypse 11 :19). À cette occasion, nous voyons que les forces de la nature acclameront le règne de Jésus-Christ.
La pierre angulaire du temple
Puisque terû’â était utilisé en lien avec l’arche de l’Alliance, il est tout à fait logique de retrouver ce terme lors de la construction du bâtiment qui allait accueillir ce trône de l’Éternel. Ainsi, lorsque les Juifs rentrèrent de Babylone et qu’ils posèrent les fondations du temple, ils poussèrent des cris de joie (terû’â). En fait, terû’â est utilisé trois fois dans les versets consécutifs qui décrivent les cris de joie du peuple lors de la pose de la pierre angulaire, malgré la tristesse de ceux qui avaient vu l’ancien temple dans sa gloire passée (Esdras 3 :11-13).
Bien que les fondations du temple ne soient pas un des symboles de la Fête des Trompettes, nous savons que Jésus-Christ est la Pierre angulaire du temple spirituel. À ce titre, Jésus est l’Être sur Lequel le temple est actuellement bâti et sur Lequel « l’édifice, bien coordonné, s’élève » (Éphésiens 2 :20-21). C’est une grande source de réjouissances. Son retour permettra l’achèvement de la construction de ce temple et provoquera une joie immense.
Le salut
Le but ultime du plan divin et du retour du Christ est de sauver l’humanité entière. Ce sera l’apogée de la création de la famille divine. Il n’est donc pas surprenant que terû’â soit à nouveau utilisé en décrivant ce merveilleux événement. En s’adressant à Job et à ses trois compagnons, Élihu parla des merveilles du salut pour l’humanité. Il décrivit la joie (terû’â) lorsqu’une personne est trouvée juste devant Son Créateur (Job 33 :26). David comprenait aussi que la voie divine mène au salut et il offrait des « cris de réjouissance [terû’â] » en retour (Psaume 27 :5-6, Darby). La même idée se retrouve au Psaume 33 :1-3, lorsque terû’â est traduit par « joie »: « Exultez en l’Éternel, vous justes ! aux hommes droits sied la louange. Célébrez l’Éternel avec la harpe ; chantez ses louanges sur le luth à dix cordes ; Chantez-lui un cantique nouveau ; pincez habilement de vos instruments avec un cri dejoie » (Darby).
Lorsque Jésus entra dans Jérusalem, juste avant la Pâque de l’an 31, la foule fut inspirée à reconnaître qu’il se passait quelque chose de spécial. Les rédacteurs du Nouveau Testament rapportent que les gens criaient « Hosanna » (Matthieu 21 :9) – une expression hébraïque qui signifie littéralement « Sauve, maintenant ! » (n°5614, Concordance Strong française). Que ces gens comprenaient ou non le véritable rôle de Jésus-Christ, ils furent inspirés – pour une raison ou une autre – à reconnaître avec des cris Son rôle comme Sauveur de l’humanité. Les pharisiens étaient tellement embarrassés par cet élan de soutien envers le Christ qu’ils Lui demandèrent de réprimander Ses disciples. Mais Jésus répondit que si Ses disciples se taisaient, alors les pierres crieraient pour Lui (Luc 19 :39-40). Jean rapporte également la vision d’une grande multitude debout devant le trône de Dieu, « [criant] d’une voix forte, en disant : Le salut est à notre Dieu qui est assis sur le trône, et à l’Agneau » (Apocalypse 7 :10). Le retour de Jésus-Christ et l’emprisonnement de Satan peu après, marqueront le début de l’époque pendant laquelle le salut sera disponible pour toute l’humanité et la Terre sera transformée à la gloire de notre Père.
Prêter serment
La dernière utilisation de terû’â concerne les serments prêtés devant l’Éternel – autrement dit, lorsqu’une alliance est établie avec Lui. Nous en trouvons un exemple à l’époque d’Asa, roi de Juda. Pendant la 15ème année de son règne, il fit disparaître toutes les idoles de Jérusalem et il convoqua la nation pendant le 3ème mois – probablement pour la Fête de la Pentecôte. La nation s’engagea dans une alliance avec l’Éternel en prêtant serment, au son des trompettes et des « cors » – c’est-à-dire des cornes de bélier (2 Chroniques 15 :10-14).
Les alliances et les serments sont des éléments essentiels du retour du Christ – en lien avec le mariage de l’Agneau et de Sa fiancée. Encore une fois, Jean utilise la même symbolique pour décrire cet événement et l’exultation de la cour céleste « comme la voix d’une foule nombreuse, comme un bruit de grosses eaux, et comme un bruit de forts coups de tonnerre, disant : Alléluia ! Car le Seigneur, notre Dieu tout-puissant,est entré dans son règne » (Apocalypse 19 :6). Ces réjouissances inaugureront une alliance – le mariage de l’Agneau (Apocalypse 19 :7-9).
Le mot hébreu terû’â est utilisé dans l’Ancien Testament lors d’événements associés au retour triomphal et glorieux de Jésus-Christ. Le niveau sonore des cris poussés par cette foule nombreuse, avec le son des trompettes, sera plus élevé que n’importe quel autre son de l’histoire humaine. Et pour l’occasion, les anges qui attendent avec impatience, comme nous, le retour du Christ participeront à cette immense clameur.
Ainsi soit-il ! La « dernière trompette » (1 Corinthiens 15 :52) annoncera la grande et glorieuse résurrection des saints qui recevront alors leur salut et rencontreront le Christ « sur des nuées » (1 Thessaloniciens 4 :16-17).
D’une certaine manière, il est correct de dire que la Fête des Trompettes n’est pas mentionnée par son nom dans le Nouveau Testament, comme le sont les autres Jours saints, mais nous pouvons voir à travers les Écritures que les premiers chrétiens comprenaient réellement la profonde signification de ce jour et son implication pour l’Église. Les rédacteurs du Nouveau Testament furent guidés par le Saint-Esprit pour parler de ce jour – ils ne parlèrent pas de son nom, mais plutôt de son rôle dans le plan divin. Ainsi, ce serait une grave erreur d’affirmer que la Fête des Trompettes n’est « pas mentionnée » dans le Nouveau Testament.