Heureux ceux qui ont le cœur pur
Jésus-Christ nous enseigna : « Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu ! » (Matthieu 5 :8). Que voulait-Il dire par cela ? Loin d’être une platitude pleine de bons sentiments, ce verset contient une profonde compréhension de notre condition humaine et du changement que Dieu veut voir en nous. Cependant, nous ne pouvons pas effectuer ce changement d’un simple claquement de doigts, cela demande des efforts. Examinons quelques enseignements de Jésus à propos de cette vertu essentielle, afin d’acquérir une meilleure compréhension de cette instruction pleine de sens.
L’Évangile de Matthieu parle beaucoup du cœur. Jésus se décrit Lui-même comme étant notre modèle en faisant référence au cœur : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous soulagerai. Chargez-vous de mon joug, et apprenez de moi, parce que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes ; car mon joug est aisé, et mon fardeau léger » (Matthieu 11 :28-30, Ostervald).
Pourquoi le cœur est-il si important, au point que Jésus se décrive Lui-même de cette manière ? Un « cœur pur » est essentiel pour connaître et comprendre la volonté ainsi que le plan de Dieu. Jésus comprenait la volonté de Son Père et Il mentionna fréquemment qu’Il était en harmonie totale avec cette volonté. En citant Ésaïe 6 :9-10, Jésus montra combien la volonté du Père manque naturellement aux êtres humains, en mettant l’accent sur la place du cœur : « Car le cœur de ce peuple est devenu insensible ; ils ont endurci leurs oreilles, et ils ont fermé leurs yeux, de peur qu’ils ne voient de leurs yeux, qu’ils n’entendent de leurs oreilles, qu’ils ne comprennent de leur cœur, qu’ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse » (Matthieu 13 :15).
D’un autre côté, un cœur « impur » est source de péché ! C’est pourquoi Il nous dit : « Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur » (Matthieu 5 :28). Un cœur impur est devenu la condition naturelle de l’humanité qui est coupée de son Créateur. En parlant à Son audience qui comprenait des dirigeants religieux de Son époque, Jésus déclara : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est éloigné de moi. C’est en vain qu’ils m’honorent, en enseignant des préceptes qui sont des commandements d’hommes » (Matthieu 15 :8-9).
Plus loin, dans le même chapitre, nous lisons que le péché vient lorsque nous éloignons notre cœur du Créateur : « Mais ce qui sort de la bouche vient du cœur, et c’est ce qui souille l’homme. Car c’est du cœur que viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les débauches, les vols, les faux témoignages, les calomnies » (versets 18-19).
Notre cœur peut indiquer la direction que nous prendrons dans notre vie. Est-il incliné vers les choses de Dieu ou vers les choses physiques ? Jésus nous enseigna : « Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où la teigne et la rouille détruisent, et où les voleurs percent et dérobent ; mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où la teigne et la rouille ne détruisent point, et où les voleurs ne percent ni ne dérobent. Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » (Matthieu 6 :19-21).
Jésus a établi un exemple de « cœur modèle » – et Il attend de nous le même standard. Après qu’on Lui eut demandé quel était le plus grand commandement, Jésus répondit : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C’est le premier et le plus grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Matthieu 22 :37-39).
Matthieu nous montre clairement comment Jésus définissait l’état naturel de l’humanité qui est coupée de Dieu et comment Il mit l’accent sur les changements que doivent faire les êtres humains, afin de laisser derrière eux leur état naturel et de voir Dieu – et de recevoir finalement une véritable place dans Son Royaume.
Voir avec le cœur
« Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux » (Le petit prince, Antoine de Saint-Exupéry).
Le résultat d’un cœur pur est la capacité de voir le Père. Dans l’esprit des Sémites, le cœur n’était pas seulement un organe – une pompe essentielle pour maintenir la vie. Le cœur était aussi considéré comme la source de la force vitale, des sentiments et des émotions, des penchants naturels, des dispositions, de la détermination, du courage, de la volonté, des intentions, de l’attention, de la considération, de la raison, de la force et de la conscience (halot, 513). L’audience de Jésus au premier siècle parlait du « cœur » comme on parlerait aujourd’hui de la « pensée » – de façon métaphorique, le « cœur » se référait « à la personne entière » (tlot, 639).
Encore de nos jours, ne nous demande-t-on pas « d’avoir du cœur » en exprimant simplement nos sentiments dans une situation donnée ? L’histoire du petit prince nous montre que cette idée existe toujours dans la culture contemporaine. Dans le passé comme aujourd’hui, le « cœur » est au centre des problèmes humains. C’est pourquoi un changement de cœur est essentiel pour engager une bonne relation avec Dieu. Le roi David, un homme selon le cœur de l’Éternel, fut inspiré à écrire : « Ô Dieu ! crée en moi un cœur pur, renouvelle en moi un esprit bien disposé. Ne me rejette pas loin de ta face, ne me retire pas ton Esprit saint. Rends-moi la joie de ton salut, et qu’un esprit de bonne volonté me soutienne ! » (Psaume 51 :12-14).
David comprenait l’importance de maintenir une relation étroite avec son Créateur. Il avait besoin de conserver un cœur propre et pur. Le Saint-Esprit ne peut pas travailler efficacement avec – ou dans – un réceptacle souillé et impur.
La perspective de Matthieu
Lorsque nous voyons l’approche spirituelle de Matthieu à propos du cœur – une perspective davantage présente dans l’Évangile qu’il a rédigé que partout ailleurs dans le Nouveau Testament – nous devrions considérer comment les premiers chrétiens auraient abordé ses écrits. Comme M. Douglas Winnail l’a mentionné dans sa brochure, La Bible : Réalité ou fiction ?, le livre de Malachie n’était pas le dernier livre des compilations originales de la Bible. Au contraire, « l’Ancien Testament » s’achevait avec le livre des Chroniques. Par conséquent, il n’est pas surprenant de voir une continuité entre le livre des Chroniques et celui de Matthieu. Ces livres traitent du même sujet : Comment pouvons-nous avoir un cœur pur ?
L’Église de Dieu reconnaît qu’Esdras écrivit les Chroniques après être rentré de la captivité babylonienne. Il écrivit en prenant en compte l’histoire passée de Juda et en regardant vers la venue prophétique du Messie, en tant que Fils de David et Souverain Sacrificateur, pour diriger le Royaume de Dieu à partir de Jérusalem. Avec les livres de Daniel et d’Esdras-Néhémie, les Chroniques font partie des Écritures parlant de la « restauration » – c’est-à-dire la restauration du Royaume de Dieu.
Beaucoup de gens ne font pas attention au fait que le cœur est un des principaux sujets d’Esdras. Prenez une concordance et examinez le nombre de fois que le mot « cœur » apparaît dans les deux livres des Chroniques – il apparaît plus de 40 fois dans 36 versets et cela mérite d’être étudié !
Lorsque Jésus-Christ parla du besoin d’avoir un cœur pur, Il répéta un enseignement qui avait déjà été accentué longtemps auparavant. Dieu inspira David à parler du besoin d’avoir un cœur pur (Psaumes 24 :4 ; 73 :1). Plus tard, Esdras développa cette compréhension lorsqu’il fut inspiré à identifier le problème de Juda : l’absence d’un cœur pur.
Jérémie écrivit également : « Le péché de Juda est écrit avec un burin de fer, avec une pointe de diamant ; il est gravé sur la table de leur cœur, et sur les cornes de vos autels » (Jérémie 17 :1). L’Éternel avait besoin d’un « burin de fer, avec une pointe de diamant » pour écrire sur un cœur aussi impur et endurci par le péché ! Jérémie écrivit ensuite au sujet de la rébellion de Juda et des problèmes du cœur humain. Il mit en opposition l’aridité d’un tel comportement face à la fertilité de la dépendance à Dieu (versets 5-8). Le moment le plus fort est lorsqu’il décrit comment l’Éternel voit la condition humaine quand Il examine notre cœur pour déterminer notre inclinaison à Son égard : « Le cœur est tortueux par-dessus tout, et il est méchant : qui peut le connaître ? Moi, l’Éternel, j’éprouve le cœur, je sonde les reins, pour rendre à chacun selon ses voies, selon le fruit de ses œuvres » (versets 9-10).
Nous recevons ici un avertissement : notre cœur est naturellement tortueux. Il doit être éprouvé comme un métal précieux afin d’être purifié. L’exemple utilisé dans ce passage se réfère au processus de raffinage du métal afin d’atteindre la pureté.
Avoir un cœur pur
Grâce aux versets que nous venons de lire, nous pouvons comprendre l’importance d’avoir un cœur pur. Nous devons aussi apprécier le sacrifice de Jésus-Christ pour l’amende de nos péchés car cela nous permet d’atteindre la pureté. Mais que signifie être pur ?
Le mot traduit par « pur » dans Matthieu 5 :8 vient du grec katharos, dont dérive le mot actuel « catharsis ». Il implique une action de purger, mais le mot grec a une application bien plus large que notre mot français, car il englobe deux aspects distincts de la propreté, ou la pureté, que nous devons étudier.
Le premier aspect implique la pureté rituelle. Ce concept peut nous sembler un peu inconnu de nos jours, jusqu’à ce que nous étudiions ce sujet plus précisément. Souvenez-vous qu’une personne rituellement impropre ou impure ne pouvait pas entrer dans le tabernacle ou le temple pour adorer, quel que soit son désir de le faire. Le Nouveau Testament mentionne de nombreux exemples de personnes dont l’entrée du temple leur fut refusée à cause de leur état physique. En les guérissant, Jésus-Christ enlevait un niveau d’impureté leur permettant de se présenter devant Dieu.
De la même manière, l’appel de notre Père et le sacrifice de Jésus-Christ nous permettent de devenir purs à cet égard et d’avoir accès à la présence même de Dieu. Paul écrivit à ce sujet : « Ainsi, puisque nous avons un grand souverain sacrificateur qui a traversé les cieux, Jésus, le Fils de Dieu, demeurons fermes dans la foi que nous professons. Car nous n’avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse compatir à nos faiblesses ; au contraire, il a été tenté comme nous en toutes choses, sans commettre de péché. Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour être secourus dans nos besoins » (Hébreux 4 :14-16).
À la fin du chapitre des béatitudes, nous voyons une autre facette de la pureté. Matthieu rapporta l’instruction de Jésus disant : « Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait » (Matthieu 5 :48). Le concept de la perfection concerne la moralité et la maturité spirituelle. Il ne fait pas directement référence à l’aspect rituel de la pureté évoqué plus haut, mais il est basé sur cette pureté (Philippiens 3 :15 ; Colossiens 1 :28). Il est intéressant de noter que le mot hébreu correspondant au mot grec dans Matthieu 5 :48 est tom. Dans les Écritures, ce terme est lié au mot cœur. Nous trouvons ainsi des expressions comme « sincérité de cœur » (1 Rois 9 :4) ou « cœur intègre » (Psaume 78 :72 ; cf. 101 :2).
Cette pureté n’est pas un état qui arrive immédiatement après avoir pris un bain ou s’être lavé, c’est le résultat d’un processus de croissance alors que nous apprenons à vivre selon la voie divine. Le Psaume 101 :2 en parle comme « la voie de l’intégrité » (Ostervald) – la voie selon laquelle nous avons été appelés à vivre. C’est un mode de vie où les impuretés de ce monde sont ôtées de nos pensées et de notre comportement. Les Écritures décrivent le Père et Jésus-Christ comme étant purs (Daniel 7 :9 ; Apocalypse 1 :13-15). Leur environnement reflète aussi cette pureté (Exode 24 :9-10 ; Apocalypse 21 :17-21).
Comment devenons-nous purs ?
Beaucoup de gens se préoccupent de leur apparence extérieure. Même lorsqu’ils s’habillent de façon décontractée, ils essaient de transmettre un message. À travers ce message, nous voulons conditionner la façon dont les gens nous voient et s’adressent à nous, au lieu de montrer qui nous sommes vraiment. À l’opposé, l’apparence de la Famille divine est une véritable image de Leur Être intérieur. Comment pouvons-nous montrer cette image dans notre propre apparence ? Les rédacteurs inspirés des Écritures nous apprennent que le Père a mis en place un processus pour y parvenir – un processus « d’épreuves » que tous les disciples de Jésus-Christ doivent traverser.
L’apôtre Pierre décrivit ce processus en détail dans sa première épître. Il nous dit que notre appel est un héritage pur – absent de toute forme d’impureté et de souillure (1 Pierre 1 :3-22). Il écrivit ici à propos des épreuves de la vie qui constituent ce processus de purification – le fait d’être éprouvé par le feu afin de tester notre foi qui est plus précieuse que l’or, car ce dernier est périssable (versets 6-7). Le but ultime de cette purification et de notre salut est une relation éternelle avec notre Père et avec Son Fils Jésus-Christ.
L’analogie avec la purification du métal est très à propos, car le but du raffinage est d’enlever toutes les impuretés présentes dans les métaux précieux. De la même manière, les épreuves que nous traversons nous permettent de devenir purs – jusqu’au plus profond de notre être. Pierre utilise aussi le mot « saint » – qui se rapporte à nouveau au concept de pureté. Il écrit qu’en nous purifiant nous-mêmes avec l’aide du Saint-Esprit divin, les impuretés de notre vie passée sont enlevées et nous pouvons être considérés comme saints. En faisant ainsi, il mentionne les deux aspects d’un « cœur pur » que nous avons cités précédemment : 1) Puisque nous avons purifié notre âme en obéissant à la vérité, grâce au Saint-Esprit, en aimant sincèrement les frères et sœurs, alors 2) nous nous aimons les uns les autres avec un cœur pur (cf. 1 Pierre 1 :22). Autrement dit, nous devons obtenir et maintenir un cœur pur alors que nous poursuivons notre appel en préparation du retour de Jésus-Christ et de l’établissement de Son Royaume (1 Pierre 4 :1-14).
Ce processus d’épreuves concerne aussi le cœur. Paul écrivit aux Hébreux comment la parole de Dieu est capable de séparer le bien du mal qui réside dans notre cœur (Hébreux 4 :12-13). Cela fait écho aux instructions du psalmiste disant que la pureté s’obtient en harmonisant nos actions et nos pensées avec la parole de Dieu (Psaume 119 :9). Jean écrivit aux congrégations en Asie mineure en décrivant la puissance du Christ pour examiner notre cœur et notre esprit, mais aussi Sa capacité à nous récompenser en conséquence (Apocalypse 2 :23).
L’importance d’avoir un « cœur pur » n’est pas une platitude ou la simple expression de bons sentiments de la part de Jésus-Christ. Ce n’est pas une bénédiction que nous devons espérer sans y consacrer d’efforts. Au contraire, c’est le centre même de notre appel et de notre but, de la création de l’humanité, ainsi que du dessein que le Père nous réserve. Si nous faisons notre part, nous serons bénis. Puisque nous avons été appelés et entraînés dans une relation avec la Famille divine, nous avons la responsabilité de nous impliquer dans un processus de purification qui englobe notre être tout entier. Comme l’apôtre Pierre l’a écrit dans un verset précédemment cité, un cœur pur (katharos) est notre objectif (1 Pierre 1 :22). L’apôtre Jean répéta cela dans des termes similaires à ceux utilisés par Pierre : « Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté ; mais nous savons que, lorsqu’il paraîtra, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est. Quiconque a cette espérance en lui se purifie, comme lui-même est pur » (1 Jean 3 :2-3).
Finalement, ceux qui auront un cœur pur verront notre Père céleste. Mais nous devrions voir dès à présent chez nous-mêmes et chez les autres les éléments du caractère du Père, alors que nous nous efforçons d’obtenir un cœur pur.