Le judaïsme messianique et la foi transmise aux saints
Le judaïsme messianique et le mouvement des « racines hébraïques » sont décentralisés et désorganisés, mais ils sont zélés et se développent rapidement. À leur crédit, ces communautés évitent de nombreuses inventions du christianisme paganisé et certaines ont même une apparence qui peut sembler proche du christianisme originel du Nouveau Testament. Mais quelle est leur histoire ? Quelles sont leurs croyances ? Et surtout, les communautés des mouvements juifs messianiques et des racines hébraïques sont-elles vraiment plus proches de la foi « qui a été transmise aux saints une fois pour toutes » (Jude 1 :3) ?
Au tout début de l’ère du Nouveau Testament, nous savons que l’Évangile fut d’abord proclamé aux « brebis perdues de la maison d’Israël » et aux Juifs, puis aux autres nations (Matthieu 10 :5-6 ; Jean 1 :41 ; Actes 18 :2, 24 ; Romains 1 :16 ; 2 :9-11). Cela signifie-t-il que Dieu souhaite que les chrétiens reviennent à leurs racines hébraïques ? C’est tout le contraire. Comme nous le verrons, bien qu’il y ait eu quelques progrès doctrinaux au cours des dernières décennies, les mouvements du judaïsme messianique et des racines hébraïques ne sont pas une continuation de l’Église bâtie par Jésus-Christ (Matthieu 16 :18). Il s’agit de phénomènes modernes, pratiquant des doctrines très différentes de « la foi transmise une fois pour toutes ».
Un mouvement fondé par des protestants
Le judaïsme messianique est apparu à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème, principalement grâce aux efforts d’hommes tels que Carl Schwartz (1817-1870), pasteur presbytérien et juif polonais converti au « christianisme » travaillant depuis la Grande-Bretagne, Arno Gaebelein (1861-1945), pasteur méthodiste œuvrant depuis New York, ou encore David Bronstein (1886-1961), pasteur presbytérien converti au judaïsme agissant depuis Chicago. Le mouvement s’est répandu parmi les congrégations protestantes en Grande-Bretagne et aux États-Unis, conduisant à la création de nouvelles associations telles que l’Alliance chrétienne hébraïque (fondée en 1866) et l’Alliance chrétienne hébraïque d’Amérique (fondée en 1915).
Au début du 20ème siècle, Arno Gaebelein devint un écrivain prolifique et un théologien influent au niveau international. En 1934, David Bronstein créa une des premières congrégations « chrétiennes hébraïques » aux États-Unis. Des décennies plus tard, le magazine Time publia un reportage à propos d’une assemblée dominicale de Bronstein, décrivant qu’elle suivait un « ordre protestant » :
« David Bronstein n’est pas un rabbin, mais un pasteur. La centaine de membres de sa congrégation de Chicago, presque tous nés juifs, se nomment eux-mêmes chrétiens hébraïques. Leur groupe est la première des cinq Églises chrétiennes hébraïques établies aux États-Unis […] En 1934, David Bronstein fonda l’Église de Chicago – qui n’est pas formellement affiliée aux autres – car il avait le sentiment d’avoir été choisi pour amener le peuple juif au Christ. »[1]
Malgré leurs bonnes intentions de départ, Bronstein et Gaebelein, tout comme le Britannique Schwartz qui les précéda de quelques décennies, sont restés des prédicateurs protestants du dimanche. De plus, ils étaient influencés par les principaux théologiens protestants de leur époque, en particulier John Nelson Darby (1800-1882) et Cyrus Ingerson Scofield (1843-1921), dont la théologie exerce toujours une grande influence sur la doctrine juive messianique. Il est important de bien comprendre cela si nous souhaitons comprendre la « théologie juive messianique ».
La forte influence de la théologie protestante
Le très influent théologien Scofield était un presbytérien trinitaire, pratiquant le culte du dimanche, auteur de la Bible d’étude annotée éponyme. John Nelson Darby était également un théologien protestant britannique extrêmement influent. C’est lui qui popularisa la doctrine selon laquelle le Christ « enlèverait » secrètement les chrétiens au ciel, de manière invisible et sans avertissement, avant la grande tribulation, mettant fin à l’actuelle « dispensation de l’âge de l’Église » et suivie du retour littéral du Christ et du millénaire, inaugurant la prochaine « dispensation » au cours de laquelle les prophéties de l’Ancien Testament concernant l’Israël physique recommenceraient à s’appliquer.
L’enseignement de Darby sur « l’enlèvement secret » et sa théorie du « dispensationalisme » ont grandement influencé la manière dont Gaebelein, Bronstein, Scofield et bien d’autres comprenaient l’ancienne et la nouvelle alliance, les prophéties bibliques, la manière dont Dieu travaille avec les Juifs pendant « l’ère de l’Église » (nom donné par les historiens à la période s’étalant de la première Pentecôte du Nouveau Testament jusqu’au supposé enlèvement) et beaucoup d’autres sujets. Ces hommes ont profondément ancré une grande partie de leurs malentendus dans le tissu du judaïsme messianique.
Ces dirigeants dynamiques n’ont jamais fait partie de la véritable Église de Dieu qui a maintenu au fil des siècles « la foi transmise une fois pour toutes ». Malgré leur noble désir de « réconcilier les convertis juifs et protestants » ou, comme l’a déclaré Bronstein, « d’amener le peuple juif au Christ », les fondateurs du mouvement juif messianique moderne ne comprenaient pas et ne pouvaient pas comprendre la plupart des vérités fondamentales comprises par un membre converti de l’Église de Dieu. Pourquoi ? Car Dieu donne Son Saint-Esprit, qui est le seul « Esprit de sagesse et d’intelligence » (Ésaïe 11 :2), « à ceux qui lui obéissent » (Actes 5 :32), c’est-à-dire ceux qui observent Ses commandements (Psaume 111 :10). Dieu ne donne pas Son Saint-Esprit à ceux qui ont remplacé le sabbat par le dimanche, qui enseignent et observent des fêtes païennes, ou qui enseignent la doctrine païenne d’un Dieu trinitaire.
Cependant, il est intéressant de noter que c’est à l’époque de David Bronstein que Dieu appela un individu qui Lui obéirait et à qui Il donnerait la compréhension. C’est à cette époque que Dieu commença à appeler M. Herbert Armstrong (1892-1986).
Le judaïsme messianique ou l’Église de Dieu ?
En 1926, Dieu incita M. Armstrong à se lancer dans une étude de la Bible suite à la décision de son épouse Loma de commencer à observer le sabbat du septième jour. S’opposant à cette idée, M. Armstrong fut contraint de prouver le sabbat, les Jours saints et beaucoup d’autres doctrines. Dieu le mit alors en contact avec le reste de Son Église fidèle – l’Église de Dieu. Une étude de l’histoire de l’Église du Nouveau Testament dépasse la portée de cet article, mais Dieu conduisit Herbert Armstrong vers le petit reste de Son Église fidèle de l’époque de Sardes, décrit dans Apocalypse 3 :1-6, qui gardait le sabbat et dont le siège social se trouvait à Stanberry, dans le Missouri, aux États-Unis.
Dieu fit rapidement comprendre que M. Armstrong devait être ordonné dans le ministère. Suivant tous les exemples bibliques d’ordination, les dirigeants de l’Église prièrent et lui imposèrent les mains en 1931. À cette occasion, il fut ordonné « ministre et apôtre de la vraie foi originelle » dans l’Église de Dieu. Pour en apprendre davantage sur l’histoire de l’Église du Nouveau Testament, l’appel et l’ordination de M. Armstrong, ainsi que sur la manière dont Dieu l’utilisa pour développer l’ère philadelphienne (Apocalypse 3 :7-13), lisez ou relisez notre brochure L’Église de Dieu à travers les âges.
Comme nous l’avons mentionné, il est essentiel de noter que Dieu appela M. Armstrong dans Sa véritable Église, qui pratiquait non seulement une doctrine juste, mais aussi la bonne forme de gouvernement organisé, centralisé et hiérarchique, avec une nomination par ordination. Ceci contraste fortement avec l’approche non-biblique, décentralisée et électorale – « l’auto-nomination » si commune dans le monde protestant et « messianique », qui a même tenté certains membres du peuple de Dieu ces dernières années.
M. Armstrong s’étant montré prêt à rejeter le faux christianisme et à se soumettre pleinement à Jésus-Christ, Dieu lui accorda un discernement que les fondateurs protestants du « judaïsme messianique » n’ont jamais détenu.
Une discorde doctrinale messianique
Alors que l’Église de Dieu se développait et que Dieu bénissait ses efforts pour prêcher l’Évangile dans le monde, le mouvement juif messianique se développait également et de nombreuses congrégations commencèrent à se débarrasser de certains de leurs attributs protestants, notamment en remplaçant l’observance du dimanche par celle du sabbat du septième jour. Dans les années 1970 et 1980, le judaïsme messianique commença à connaître une forte croissance dans le cadre d’un nouvel enthousiasme pour tout ce qui touche au judaïsme. Cependant, jusqu’à aujourd’hui, ce mouvement est resté décentralisé, désorganisé et doctrinalement égaré.
Bien entendu, le désaccord fondamental entre, d’une part, les différents mouvements juifs messianiques et des racines hébraïques et, d’autre part, le judaïsme traditionnel est que ce dernier ne croit pas que le Christ, la Parole, s’est dépouillé Lui-même et a été fait chair (cf. Philippiens 2 :6-7 et Jean 1 :14). Bien que les juifs messianiques acceptent que Jésus soit le Messie, ils commettent de graves erreurs à bien d’autres égards.
Par exemple, comme nous le verrons plus loin, la plupart des congrégations juives messianiques restent trinitaires. Beaucoup d’entre elles acceptent les livres apocryphes (ne faisant pas partie du canon biblique). D’autres remettent en question l’authenticité des Évangiles du Nouveau Testament. Pour en savoir plus sur la préservation et la canonisation de la Bible, vous pouvez consulter notre tiré à part « L’origine du Nouveau Testament » (paru en 2013), ainsi que la brochure La Bible : réalité ou fiction ? et le sermon de M. Brochu « Avons-nous la Bible complète ? » (réf. SQ188, diffusé le 30 juin 2017).
D’autres, reprenant des idées erronées du « dispensationalisme », croient que Jésus est le Messie, mais seulement pour les non-Juifs. Or, c’est tout le contraire. Pour en savoir plus sur la façon dont l’Église originelle du Nouveau Testament était composée à la fois de Juifs et de Gentils (non-Juifs), ainsi que sur la façon dont Jésus est le Messie pour tous, lisez la brochure de M. Meredith intitulée La restauration du christianisme originel. Il y a écrit : « Si, d’une manière ou d’une autre, il était possible de transposer le véritable christianisme du premier siècle à notre époque, que constaterait-on ? Ce serait un groupe de fidèles, croyant que Jésus était le Messie promis » (page 22).
De nombreux juifs messianiques pensent que Dieu est satisfait des chrétiens qui observent le dimanche et des fêtes païennes « christianisées », alors que Dieu affirme haïr ces pratiques (cf. Amos 5 :21). D’autres soutiennent que les Juifs de naissance doivent faire leur aliyah (retourner vivre dans l’État d’Israël). Certains pensent que la Fête des Tabernacles doit être observée dans des soukkas traditionnelles, quand d’autres estiment qu’elle ne peut être observée correctement qu’en se rendant physiquement à Jérusalem. Certaines congrégations, généralement issues du pentecôtisme, deviennent de plus en plus « charismatiques » et le débat sur le « parler en langues » prend de l’ampleur au sein de leur communauté. Pour en savoir plus à ce sujet, lisez notre tiré à part intitulé « Le but du parler en langues » (paru en 1999).
Ces quelques exemples montrent le chaos et les erreurs qui règnent au sein des communautés juives messianiques et des racines hébraïques. Pourtant, nous savons que « Dieu n’est pas un Dieu de désordre » (1 Corinthiens 14 :33) et que les membres de Son Église ne doivent pas être « flottants et emportés à tout vent de doctrine, par la tromperie des hommes », mais parvenir « à l’unité de la foi » (Éphésiens 4 :13-14).
Les 613 ordonnances
De nombreuses congrégations du mouvement des « racines hébraïques » observant le sabbat affirment pratiquer « la foi de l’Église originelle », fondant cette affirmation sur leur respect supposé des 613 mitzvot. Elles affirment que des déclarations telles que « le péché est la transgression de la loi » (1 Jean 3 :4) exigent l’adhésion à ces 613 ordonnances rabbiniques créées par des hommes. Mais, là encore, c’est faux.
Que sont les 613 mitzvot ? (Mitzvah, pluriel mitzvot, est un mot hébreu signifiant prescription.) Tout d’abord, il est utile d’expliquer ce qu’elles ne sont pas. Les 613 mitzvot ne sont pas la loi de Dieu ; il ne s’agit pas des Dix Commandements ou des Jours saints, ni même du système sacrificiel ou de l’ancienne alliance. Les 613 mitzvot sont une multitude d’ordonnances rabbiniques (dogma en grec) basées sur des interprétations humaines des Écritures. Dans certains cas, ce sont des instructions valides dans l’adoration rendue à Dieu, mais d’autres ne s’appliquent que pour une époque donnée ou une situation temporaire. Certaines de ces ordonnances constituent des interprétations erronées de la Bible. D’autres encore font partie de « la loi », pas les Dix Commandements mais la loi en minuscules, celle qui était un « précepteur » et qui a été remplacée par la nouvelle alliance, comme Paul l’expliqua dans Galates 3 :23-25.
Par exemple, la mitzvah 87, basée sur Exode 23 :12, dit de se reposer le jour du sabbat et la mitzvah 91, basée sur Exode 20 :8, dit de sanctifier le sabbat du début à la fin. Il s’agit là d’instructions valides pour obéir correctement à Dieu, non parce qu’il s’agit d’ordonnances rabbiniques, mais parce que le sabbat du septième jour est une période sainte pendant laquelle se déroule une assemblée sacrée, que ce soit sous l’ancienne ou la nouvelle alliance (Lévitique 23 :3 ; Hébreux 10 :25). L’observation du sabbat est le quatrième des Dix Commandements (Exode 20 :8) et Jésus-Christ sanctifia le sabbat (Luc 4 :16), de même que Ses apôtres (Actes 13 :42-44).
En revanche, la mitzvah 90, basée sur Exode 16 :29, stipule qu’il ne faut pas marcher en dehors des limites de la ville le jour du sabbat. Or, il s’agissait là de l’interprétation d’une instruction que Dieu donna dans le cadre d’une période et d’une situation temporaires. Le fait qu’il ne s’agissait pas d’une ordonnance perpétuelle aurait dû être évident pour les soi-disant spécialistes rabbiniques. En effet, Dieu Lui-même ordonna ultérieurement aux enfants d’Israël de marcher autour de la ville de Jéricho pendant sept jours consécutifs. Cela implique qu’ils marchèrent au moins pendant un sabbat (Josué 6 :3-4). Puisqu’il s’agissait probablement des sept jours des Pains sans Levain, ce « septième jour », lorsque Israël fit sept fois le tour de Jéricho, aurait alors été un grand sabbat. Si cela ne suffit pas à prouver que la mitzvah 90 est erronée, considérez que Jésus-Christ Lui-même rejeta totalement la prétendue « autorité » de ces ordonnances rabbiniques lorsque Lui et Ses disciples quittèrent la ville et « [traversèrent] des champs de blé », en arrachant et en mangeant des épis (Luc 6 :1), enfreignant ainsi la mitzvah 88. Les pharisiens L’accusent de faire « ce qu’il n’est pas permis de faire pendant le sabbat » (Luc 6 :2), mais Jésus-Christ n’a jamais transgressé le sabbat. Il démontrait simplement l’erreur de ces dogmes rabbiniques supplémentaires, créés par des hommes.
La mitzvah 84, basée sur Nombres 15 :38, exige la présence de franges aux quatre coins d’un vêtement. Le verset 39 explique que le but de ces franges était que les gens puissent les regarder et se souvenir « de tous les commandements de l’Éternel pour les mettre en pratique ». La mitzvah 79, basée sur Deutéronome 6 :8, exige de porter des phylactères sur la tête. Les franges et les phylactères étaient des rituels supplémentaires mais temporaires dans le cadre du rôle de précepteur de l’ancienne alliance. Sous l’ancienne alliance, à quelques rares exceptions près, le peuple avait un cœur endurci qui n’avait pas été converti par le Saint-Esprit, de sorte qu’il ne se souvenait pas de la loi de Dieu et ne l’observait pas (cf. Zacharie 7 :12 ; Ézéchiel 11 :19). Jésus-Christ n’a pas détruit la loi ni aboli les Dix Commandements (Matthieu 5 :17) ; Il a établi la nouvelle alliance (Hébreux 8 :8-13 ; 10 :16-17). Ainsi, depuis la Pentecôte de l’an 31, notre cœur peut être converti de « cœur de pierre » en « cœur de chair » par la puissance du Saint-Esprit. Au lieu des franges et des phylactères, faisant partie du précepteur temporaire nous aidant à nous souvenir de la loi, la loi est désormais écrite dans le cœur des saints de Dieu (Ézéchiel 11 :19 ; 2 Corinthiens 3 :2-3). Comme M. Gerald Weston l’a expliqué dans son article « Mieux que des phylactères », paru dans le Journal de mai-juin 2023 :
« Les pratiques rituelles furent données comme des rappels temporaires, comme un instituteur ou un précepteur qui enseignerait les voies de Dieu à ceux qui n’ont pas Son Esprit (Galates 3 :23-25). Mais sans le Saint-Esprit, les pensées et les actions du peuple d’Israël sont restées charnelles. Les phylactères, les franges et les sacrifices d’animaux n’étaient pas suffisants. Dieu ne s’intéresse pas à ces signes extérieurs. Ce qui Le réjouit, c’est un cœur transformé. Dieu nous donne le Saint-Esprit pour nous transformer, pour nous rendre différents des peuples du monde. »
Il est facile de démontrer que beaucoup d’autres des 613 mitzvot sont obsolètes ou erronées. Par exemple, la mitzvah 380, basée sur Nombres 28 :9, consiste à apporter deux agneaux supplémentaires en holocauste le jour du sabbat, or le système sacrificiel a été rendu caduc par le sacrifice de Jésus (Hébreux 9 :11-28). Alors que les mitzvot 6 et 7 (basées sur Lévitique 22 :32), la mitzvah 10 (basée sur Exode 20 :7) et d’autres donnent des avertissements valables pour honorer le nom de Dieu, de nombreux juifs messianiques croient à tort que ces mitzvot exigent l’emploi de mots hébreux pour exprimer les noms de Dieu. Bien que ce soit généralement fait avec sincérité, cela démontre une forme d’ignorance et parfois de vanité. Pour une étude approfondie à propos des « noms sacrés », vous pouvez lire notre article « Que signifie “sanctifier” le nom de Dieu ? » paru dans le Journal de septembre-octobre 2015.
Ironiquement, les communautés du judaïsme messianique et des racines hébraïques reconstruisent le « mur de séparation » entre les Juifs et les Gentils que Jésus-Christ a abattu. Encore une fois, le Christ n’a jamais aboli les Dix Commandements, le sabbat et les Jours saints bibliques, mais Il a anéanti « la loi des ordonnances dans ses prescriptions », comme l’explique Éphésiens 2 :14-15. Les « ordonnances » dont il est question dans ce passage sont traduites du mot dogma en grec, pouvant se référer aux décrets civils des hommes, comme le soulignent à juste titre de nombreux commentaires bibliques.
L’Église originelle du Nouveau Testament n’observait pas les 613 mitzvot et Jésus n’exige pas que nous le fassions. Jésus a apporté la réconciliation des Juifs et des Gentils, en anéantissant notamment un grand nombre d’ordonnances rabbiniques auxquelles les juifs messianiques reviennent désormais.
Qu’en est-il de la Trinité ?
Puisque leurs racines sont ancrées dans le protestantisme traditionnel, il n’est pas surprenant que la plupart des juifs messianiques acceptent la fausse doctrine de la Trinité, sous une forme ou une autre. Par exemple, dans un article intitulé « La Trinité figure-t-elle dans les Écritures hébraïques ? », le groupe international messianique Juifs pour Jésus a déclaré : « Il existe des preuves évidentes que trois personnalités sont désignées comme divines et comme étant Dieu. »[2] Et, selon l’organisation Ministère de la recherche de l’apologétique chrétienne, « les juifs messianiques croient que Jésus est le Fils de Dieu, la deuxième personne de la Trinité ».[3] Selon la congrégation Shema Yisrael, fondée à Detroit en 1986, « la doctrine de la Trinité est une des plus importantes de la foi chrétienne » :
« La connaissance de la HaSheeloosh HaKadosh (la Sainte Trinité) ne vient pas de la nature, mais de la révélation divine. La raison peut nous amener à croire en l’unicité de Dieu, mais il faut que Dieu se dévoile Lui-même pour révéler Sa Tri-unité, Son Trois-en-Un […] Puisque Dieu a révélé Sa nature Trine unique, il est essentiel que nous pensions à Dieu tel qu’Il est, sous peine d’en subir les conséquences les plus désastreuses. »[4]
Enfin, souvenez-vous de la congrégation de Chicago, mentionnée précédemment dans l’article du Time de 1957. Comme beaucoup d’autres, elle est passée du culte dominical au culte sabbatique, en changeant de nom pour paraître plus « juive », tout en continuant à enseigner la Trinité. Selon son site Internet officiel, « Adat a été fondée par David et Ester Bronstein en 1934, sous le nom de Première Église hébréo-chrétienne de Chicago […] Le nom fut changé en Adat Hatikvah en 1974. »[5] D’après sa déclaration de foi, cette congrégation croit « en un seul Dieu, créateur de toutes choses, infiniment parfait, omniscient, tout-puissant, toujours présent, existant éternellement en trois personnes, Abba (Père), Ben (Fils) et Ruach HaKodesh (Saint-Esprit) ».[6]
Mais la croyance en un « Dieu trinitaire » est-elle biblique ? Comme l’a écrit M. Gerald Weston dans sa brochure Jean 3:16 : les vérités cachées du verset d’or :
« Maintenant, considérez le cas de figure suivant : si le Saint-Esprit était une personne, alors qui serait le Père de Jésus ? Ce serait le Saint-Esprit ! Mais nous savons que ce n’est pas le cas, montrant ainsi l’erreur fallacieuse de l’enseignement de la Trinité. Lorsque les partisans de la Trinité sont confrontés à ce passage, ils fourniront souvent la réponse suivante : “Vous ne comprenez pas la doctrine de la Trinité.” Mais la personne qui répond de la sorte démontre ainsi qu’elle ne comprend pas non plus ce sujet » (page 9).
Les historiens honnêtes admettent que le concept d’une « divinité trine » (trinitaire) n’était pas une doctrine de l’Église originelle du Nouveau Testament. Comme le résuma Alvan Lamson, théologien et érudit de Harvard : « La doctrine moderne de la Trinité ne se trouve dans aucun document ou relique appartenant à l’Église des trois premiers siècles […] Il n’y a nulle part parmi ces vestiges une trinité égalitaire […] Son origine est plus tardive. »[7]
Les véritables chrétiens adorent “en esprit et en vérité”
« Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l’adorent l’adorent en esprit et en vérité » (Jean 4 :24). Ils doivent « combattre pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes » (Jude 1 :3). Bien qu’ayant peut-être de bonnes intentions, les mouvements du judaïsme messianique et des racines hébraïques contiennent beaucoup de confusion et d’erreurs. Ceux qui sont tentés par leurs enseignements devraient tenir compte de l’avertissement de Dieu : « Vous observerez et vous mettrez en pratique toutes les choses que je vous ordonne ; vous n’y ajouterez rien, et vous n’en retrancherez rien » (Deutéronome 12 :32 ; cf. Apocalypse 22 :18-19). Les véritables chrétiens doivent obéir à l’autorité de Jésus-Christ, non seulement en tant que Celui qui a donné la loi (1 Corinthiens 10 :4), mais aussi en tant que Celui qui a l’autorité d’instituer la nouvelle alliance et de nous instruire sur la manière d’observer la loi (Jean 5 :22-27).
Nous sommes reconnaissants à Jésus, notre Sauveur et notre Frère aîné, qui est « l’apôtre et le souverain sacrificateur de la foi que nous professons » (Hébreux 3 :1) et « le Messie » (Jean 1 :41). Nous sommes reconnaissants à notre Dieu d’amour d’avoir préservé Sa parole inaltérable à travers les âges et d’avoir guidé Son Église pour qu’elle enseigne la doctrine juste, qu’elle mette en pratique la bonne forme de gouvernement et qu’elle se concentre sur la prédication du véritable Évangile en tant que « l’Église du Dieu vivant, la colonne et l’appui de la vérité » (1 Timothée 3 :15). Nous prions pour que Dieu appelle beaucoup d’autres personnes dans Son Église : l’Église de Dieu.
1. “Religion : Hebrew Christians”, Time Magazine, 30 décembre 1957
2. “Is the Trinity in the Hebrew Scriptures ?”, Jews for Jesus, 27 avril 2018
3. “What is Messianic Judaism ?”, CARM.org, 14 octobre 2013
4. “The Jewishness of the Trinity”, Shema.com, 11 octobre 2012
5. “About Adat”, AdatHatkivah.org, consulté le 12 novembre 2024
6. “Our Statement of Faith”, ibid.
7. The Church of the First Three Centuries, Alvan Lamson, 1860, pp. 341-342