Marquer ou mettre à l’écart
Dans l’Église, nous entendons parfois que tel ou tel individu a été « mis à l’écart » ou « marqué ». Cette dernière expression provient de la traduction en anglais King James, utilisée dans les publications du siège central de l’Église depuis des décennies. Heureusement, ces situations se produisent rarement. Mais c’est peut-être à cause de cette rareté que ces actions ne sont pas toujours bien comprises. Un individu qui n’est pas membre, prospect ou sympathisant de l’Église du Dieu Vivant peut-il être mis à l’écart ? Non. Un individu qui n’est pas affilié à l’Église du Dieu Vivant peut-il être « marqué » ? Oui. Il existe des différences entre ces deux notions. Les connaissez-vous ? Il s’agit de pratiques ecclésiastiques différentes qui sont toutes deux basées sur la Bible. Nous allons les examiner pour mieux les comprendre.
Paul écrivit à l’Église de Rome : « Je vous exhorte, frères, à prendre garde à ceux qui causent des divisions et des scandales, au préjudice de l’enseignement que vous avez reçu. Éloignez-vous d’eux » (Romains 16 :17) – où comme le traduit la version King James : « Je vous exhorte, frères, à marquer ceux qui causent des divisions et des offenses… »
Dans La lettre écarlate de Nathaniel Hawthorn, un roman se déroulant au 17ème siècle dans la communauté puritaine de la Nouvelle-Angleterre, une femme adultère devait arborer la lettre « A » en rouge pour identifier son péché. Paul parlait-il de cela en utilisant le mot « marquer » ? Même de nos jours, certains groupes ont l’habitude de « bannir » totalement les membres qu’ils désapprouvent. Paul nous enseigna-t-il à faire cela ?
“Marquer” les paroles
Lorsque le mot « marquer » est utilisé dans la King James, il signifie « marquer » ou « noter » (dans le sens de “prendre note”). Ce mot est traduit du grec skopeo et il est exprimé différemment d’une version à une autre de la Bible. Il est utile de bien comprendre l’usage de ce mot. Voyez les définitions suivantes de skopeo :
- 1) Regarder, observer, contempler ; 2) remarquer ; 3) fixer les yeux sur, diriger son attention sur (Lexique grec Strong version française, éditions Clé).
- Regarder, admirer, surveiller, contempler (Vine’s Expository Dictionnary).
- Considérer, prendre garde, examiner [quelque chose], marquer (Strong’s Exhaustive Concordance).
Il est intéressant de voir dans les pages de la Bible comment le mot skopeo est utilisé dans d’autres contextes :
« Prends donc garde que la lumière qui est en toi ne soit ténèbres » (Luc 11 :35).
« Frères, si un homme vient à être surpris en faute, vous qui êtes spirituels, redressez-le avec un esprit de douceur. Prends garde à toi-même, de peur que tu ne sois aussi tenté » (Galates 6 :1).
« Que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres » (Philippiens 2 :4).
Nous voyons que le sens de « prendre garde », ou d’être attentif, est omniprésent dans la traduction du mot skopeo. Comment Romains 16 :17 est-il traduit dans d’autres versions de la Bible ?
Darby : « Or je vous exhorte, frères, à avoir l’œil sur ceux qui causent les divisions et les occasions de chute par des choses qui ne sont pas selon la doctrine que vous avez apprise ; et éloignez-vous d’eux. »
Parole vivante : « Je vous engage instamment, chers frères, à vous méfier de ceux qui créent des difficultés dans les assemblées ; prenez garde à ceux qui aiment discuter et mettre en doute ce que vous avez appris du Christ. En s’écartant de l’enseignement reçu, ils sèment la division et des querelles sur leur chemin. Évitez-les, éloignez-vous d’eux. »
Traduction œcuménique de la Bible (TOB) : « Je vous exhorte, frères, à vous garder de ceux qui suscitent divisions et scandales en s’écartant de l’enseignement que vous avez reçu ; éloignez-vous d’eux. »
Nous pourrions décrire ainsi cette action : imaginez qu’un gros chien rôde dans mon quartier et qu’il se dirige vers les passants en attendant quelque chose de leur part. Mais lorsqu’un passant tend la main pour le caresser, le chien l’attaque sauvagement. Maintenant, imaginez que vous et moi marchions sur le trottoir et que ce chien s’approche de nous. Vous tendez la main pour le caresser, mais il vous mord violemment. Alors que vous essayez d’arrêter le saignement, je vous dis : « En fait, je savais que ce chien allait vous mordre. Il mord tous ceux qui essaient de le caresser. » Vous seriez probablement en colère contre moi et vous me diriez quelque chose de la sorte : « Vous auriez pu me prévenir, me dire de prendre garde, de me méfier, de surveiller ce chien et de l’éviter ! » Et vous auriez bien raison.
Paul déclara que l’Église doit assumer cette responsabilité. C’est pourquoi le ministère, après un examen approfondi, annonce parfois à une congrégation, ou à l’Église tout entière, qu’un individu pourrait potentiellement causer du tort et qu’il est donc « marqué » afin que les membres puissent « prendre garde » à lui. De telles annonces ont rarement lieu et elles peuvent concerner un individu faisant partie ou non de l’Église. Cette décision est prise lorsque la personne incriminée présente un risque spirituel, ou autre, et que les membres doivent en être avertis.
Mettre à l’écart
Malheureusement, il est parfois nécessaire de suspendre, voire d’exclure, une personne de l’assemblée de l’Église – il s’agit alors d’une mise à l’écart. L’action de mettre à l’écart est très différente de celle de marquer un individu, car cela concerne toujours une personne faisant partie de notre assemblée, mais les membres locaux ne sont pas nécessairement mis au courant de cette action. Une personne peut aussi recevoir une suspension temporaire pour un problème en particulier, sans que leur congrégation ne soit mise au courant, puis revenir quelques semaines ou quelques mois plus tard. Selon les circonstances, il arrive parfois que nous demandions à des membres d’éviter de contacter un individu pendant quelque temps, jusqu’à ce que celui-ci se repente. Généralement, cette restriction ne concerne pas un contact dans le cadre professionnel. Le choix des personnes que vous rencontrez professionnellement relève de la responsabilité de chaque individu, mais prendre conseil auprès du ministère peut vous aider à décider ce qu’il y a de mieux à faire dans ces circonstances.
Dans 1 Corinthiens 5, la Bible donne un exemple de mise à l’écart impliquant un homme qui commettait un péché de façon régulière, alors qu’il avait des relations sexuelles avec sa belle-mère – la femme de son père (voir Deutéronome 27 :20). Paul écrivit à l’Église de Corinthe :
« Et vous êtes enflés d’orgueil ! Et vous n’avez pas été plutôt dans l’affliction, afin que celui qui a commis cet acte soit ôté du milieu de vous ! […] Maintenant, ce que je vous ai écrit, c’est de ne pas avoir de relations avec quelqu’un qui, se nommant frère, est débauché, ou cupide, ou idolâtre, ou outrageux, ou ivrogne, ou ravisseur, de ne pas même manger avec un tel homme […] Ôtez le méchant du milieu de vous » (1 Corinthiens 5 :2, 11, 13).
Cependant, dans la deuxième épître aux Corinthiens, nous voyons que cette mise à l’écart fut utile à cet homme. Il se repentit de son péché et il fut de nouveau accepté au sein de l’Église :
« Il suffit pour cet homme du châtiment qui lui a été infligé par le plus grand nombre, en sorte que vous devez bien plutôt lui pardonner et le consoler, de peur qu’il ne soit accablé par une tristesse excessive. Je vous exhorte donc à faire acte de charité envers lui ; car je vous ai écrit aussi dans le but de connaître, en vous mettant à l’épreuve, si vous êtes obéissants en toutes choses » (2 Corinthiens 2 :6-9).
Comment devrions-nous donc nous comporter à l’égard de ceux qui ont été marqués ou mis à l’écart ? Il est très important de se souvenir que les membres ne devraient pas éprouver de ressentiment contre ces individus. Ces actions ont un but utile et protecteur. Elles ne devraient jamais être interprétées comme un encouragement à exprimer de l’animosité.
Paul donna cet enseignement à l’Église : « Pour vous, frères, ne vous lassez pas de faire le bien. Et si quelqu’un n’obéit pas à ce que nous disons par cette lettre, notez-le, et n’ayez point de relations avec lui, afin qu’il éprouve de la honte. Ne le regardez pas comme un ennemi, mais avertissez-le comme un frère » (2 Thessaloniciens 3 :13-15). Même si un individu attaque notre foi et nos pratiques, Jésus a dit que nous devons les aimer :
« Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes » (Matthieu 5 :44-45).
En résumé
La signification de ces deux pratiques bibliques peut être résumée très brièvement :
Mettre à l’écart…
- implique obligatoirement un individu de notre Église.
- peut impliquer une suspension temporaire ou définitive.
- implique généralement des situations où l’individu répand des erreurs doctrinales, crée des divisions, commet un péché personnel, ou bien d’autres problèmes encore. L’individu est mis à l’écart jusqu’à ce qu’il se repente. Le but est d’aider l’individu à croître spirituellement et de protéger spirituellement l’Église du péché ou de la division.
La congrégation n’est pas forcément informée d’une mise à l’écart, notamment dans le cas d’une suspension. Cette décision est prise par le ministère, après avoir évalué attentivement les intérêts de l’individu et de l’Église.
Marquer…
- signifie « se garder » ou « se méfier » de quelqu’un.
- peut concerner un individu faisant partie ou non de notre organisation.
Cette pratique peut être utilisée pour protéger la congrégation de l’Église lorsque des individus deviennent des adversaires. Les personnes « marquées » ou dont il faut « prendre note » peuvent causer du tort. Aussi, le message envoyé aux frères et sœurs est : « Attention ! »
Mettre à l’écart et marquer sont deux actions différentes, mais l’une et l’autre sont utilisées pour le bien-être et la protection de l’Église. Elles ne devraient en aucun cas générer de l’animosité contre l’individu concerné.