Psaume 81 contient-il un commandement ordonnant de chanter ?
Psaume 81 :2-3 déclare : « Chantez avec allégresse à Dieu, notre force ! Poussez des cris de joie vers le Dieu de Jacob ! Entonnez des cantiques, faites résonner le tambourin, la harpe mélodieuse et le luth ! »
Puis aux versets 4-5 : « Sonnez de la trompette à la nouvelle lune, à la pleine lune, au jour de notre fête ! Car c’est une loi pour Israël, une ordonnance du Dieu de Jacob. »
Cela signifie-t-il que nous ayons un commandement pour l’Église de Dieu aujourd’hui de pousser des cris de joie, de chanter des cantiques, de jouer du tambourin, de la harpe et du luth – et que nous commettrions un péché si nous ne le faisions pas ? Certains affirment que ce serait un péché de ne pas chanter à pleine voix pendant les assemblées, mais ils laissent de côté les autres instructions.
L’ordonnance à laquelle le psalmiste Asaph se réfère se trouve dans Nombres 10 :10. Ce chapitre concerne l’utilisation des trompettes : « Dans vos jours de joie, dans vos fêtes, et à vos nouvelles lunes, vous sonnerez des trompettes, en offrant vos holocaustes et vos sacrifices d’actions de grâces, et elles vous mettront en souvenir devant votre Dieu. Je suis l’Éternel, votre Dieu. »
Dans cette ordonnance, Dieu instruit le sacerdoce, par l’intermédiaire de Moïse, à sonner de la trompette pour les offrandes au cours de la nouvelle lune et des Jours saints, en tant que commémoration. Les sabbats hebdomadaires ne sont pas mentionnés. La Fête des Trompettes était une occasion très spéciale selon cette ordonnance (Lévitique 23 :24), car c’est le seul jour de Fête qui tombe le premier jour du mois – à la nouvelle lune.
Cependant, ni Nombre 10 :10 ni Lévitique 23 :24 ne parlent de chanter, de pousser des cris de joie ou de jouer des instruments de musique. Ces pratiques ne font pas partie de l’ordonnance à laquelle Asaph se référait dans Psaume 81 :4-5. Pourquoi sont-elles donc mentionnées aux versets 2-3 ? Il ne s’agit pas d’un ajout à la loi mosaïque (Deutéronome 12 :32). Ces versets reflètent plutôt l’organisation mise en place par le roi David pour les chanteurs (des chantres) et les musiciens pour les cérémonies religieuses. Historiquement, nous voyons cela dans 1 Chroniques 15 :16 et les versets suivants, lorsque l’arche de l’alliance fut déplacée à Jérusalem : « Et David dit aux chefs des Lévites de disposer leurs frères, les chantres, avec des instruments de musique, des luths, des harpes et des cymbales, qu’ils devaient faire retentir de sons éclatants en signe de réjouissance. » Ils étaient « ceux que David établit pour la direction du chant », en se référant à la généalogie de Lévi (1 Chroniques 6 :31).
Vers la fin de la vie de David, nous voyons qu’il « assembla tous les chefs d’Israël, les sacrificateurs et les Lévites » pour les recenser (1 Chroniques 23 :1-5). Il y avait 4000 chanteurs et musiciens parmi les Lévites (verset 5). D’autres passages bibliques mentionnent leur service en chantant et en jouant de la musique. Par exemple, à l’époque d’Ézéchias, les chantres du temple chantèrent pendant que l’assemblée se prosternait (2 Chroniques 29 :28).
Ces chantres étaient tellement institutionalisés en Juda que leur ordre a survécu à la captivité. 1 Chroniques 9 :33-34 parle de leur retour : « Ce sont là les chantres, chefs de famille des Lévites, demeurant dans les chambres, exempts des autres fonctions parce qu’ils étaient à l’œuvre jour et nuit. Ce sont là les chefs de famille des Lévites, chefs selon leurs générations. Ils habitaient à Jérusalem. »
Ces pratiques – l’usage des chantres et des musiciens pour les assemblées – ne faisaient pas partie de la loi mosaïque mentionnée dans Psaume 81 :4-5. En fait, elles ne faisaient pas du tout partie de la loi de Moïse. Lorsque Psaume 81 :5 déclare : « Car c’est une loi pour Israël, une ordonnance du Dieu de Jacob », cela se réfère spécifiquement à l’ordonnance mentionnée au verset 4 : « Sonnez de la trompette », pas aux versets 2 et 3 concernant les musiciens. Ces pratiques furent instaurées par le roi David pour le service dans le tabernacle et, plus tard, dans le temple bâti par Salomon. Lorsque Asaph, dans son rôle de psalmiste, mentionna les pratiques musicales dans Psaume 81 :2-3, il n’inventait pas une nouvelle loi, mais exhortait explicitement les Lévites en charge de cet aspect du service dans le tabernacle à faire leur travail « en signe de réjouissance ».
L’Église de Dieu a suivi depuis longtemps l’esprit de ces pratiques du temple en chantant des cantiques pendant les assemblées hebdomadaires de sabbat, avec un accompagnement au piano, au clavier, sur CD, ou avec d’autres instruments. Cela a toujours été une part importante de nos assemblées, et nous pensons que cela fait autant plaisir à Dieu qu’aux membres. En ce moment, nous ne chantons pas pendant les assemblées dans plusieurs pays à travers le monde, mais nous sommes impatients de reprendre le plus rapidement possible. Cependant, nous ne sommes pas des Lévites et nous ne devons donc pas sonner de la trompette pour les offrandes et nous n’avons pas des personnes en charge de jouer certains instruments de musique, comme le mentionne Psaume 81. L’action de chanter ne peut pas être dissociée de pousser des cris de joie et de jouer de la musique, car Asaph promulgua tout cela en même temps. Si certains pensent qu’ils doivent appliquer une de ces pratiques, alors ils doivent toutes les appliquer, et l’Église n’a jamais considéré que cela devrait être le cas.
La direction de l’Église a la responsabilité, l’autorité et l’obligation d’instituer des changements dans la conduite des assemblées lorsque cela s’avère nécessaire, y compris en suspendant temporairement le chant dans la congrégation tout entière, pour la sécurité physique des membres pendant une pandémie.
Les pratiques instituées par Dieu, par l’intermédiaire du roi David, et mentionnées dans 1 Chroniques 15 :16 étaient destinées à être accomplies par le sacerdoce lévitique dans le tabernacle, mais il ne s’agit pas d’un commandement s’appliquant à l’Église de nos jours – ce serait alors un péché de ne pas les respecter. Ceux qui affirment que l’exhortation d’Asaph aux Lévites, dans Psaume 81 :2-3, constitue une loi divine, et que la transgresser serait un péché, ceux-là se trompent.