Ramener le cœur des pères à leurs enfants
Tout à la fin de l’Ancien Testament se trouve une déclaration qui fait froid dans le dos et à laquelle nous devrions tous prêter attention : « Voici, je vous enverrai Élie, le prophète, avant que le jour de l’Éternel arrive, ce jour grand et redoutable. Il ramènera le cœur des pères à leurs enfants, et le cœur des enfants à leurs pères, de peur que je ne vienne frapper le pays [la terre] d’interdit » (Malachie 4 :5-6).
Ce passage en a intrigué plus d’un et le simple fait de le citer suffit parfois à déclencher des débats entre les membres des différents groupes de l’Église de Dieu, y compris le nôtre. M. Herbert Armstrong était-il l’Élie de la fin des temps ? Que signifie ramener le cœur des pères à leurs enfants et le cœur des enfants à leurs pères ?
Cet article n’entrera pas dans le débat de savoir qui remplit ce rôle, sinon que Jean-Baptiste fut celui qui prépara le chemin pour la première venue du Christ (Matthieu 17 :11-13) et que l’Église a toujours eu la responsabilité d’encourager les parents à enseigner diligemment les lois et les voies de Dieu à leurs enfants (Deutéronome 6 :7). Quant à l’Élie de la fin des temps, qu’il s’agisse de M. Armstrong, d’un des deux témoins à venir, ou même d’Élie ressuscité, tout cela n’est que de la spéculation. Dieu le révélera en temps voulu. Il est intéressant de noter que les disciples n’ont pas reconnu l’Élie qui prépara le chemin pour la première venue du Christ (Matthieu 17 :10-13). Tandis que certains se préoccupaient de savoir s’il remplissait ou non un rôle prophétisé (Jean 1 :19-23), Jean-Baptiste se focalisa sur l’accomplissement de l’Œuvre à laquelle il avait été appelé : diriger les gens vers Celui qui allait venir.
Une destruction totale
La dernière phrase du livre de Malachie, contenant l’expression « frapper le pays d’interdit », peut se traduire ainsi : « … sinon, je viendrai frapper le pays d’une destruction complète » (Stern). Oui, cet avertissement glaçant parle de la destruction complète de la Terre, à moins que les pères ramènent leur cœur à leurs enfants et préparent un peuple pour Dieu.
Luc paraphrasa ce passage lorsqu’il écrivit, en faisant référence à Jean-Baptiste, qu’il « ramènera plusieurs des fils d’Israël au Seigneur, leur Dieu ; il marchera devant Dieu avec l’esprit et la puissance d’Élie, pour ramener les cœurs des pères vers les enfants, et les rebelles à la sagesse des justes, afin de préparer au Seigneur un peuple bien disposé » (Luc 1 :16-17).
En réalité, les citations de Malachie et de Luc sont assez similaires. Ramener « le cœur des enfants à leurs pères » est similaire au fait de ramener « les rebelles à la sagesse des justes ». Luc avait peut-être un public plus large à l’esprit, mais le résultat est le même : « Préparer au Seigneur un peuple bien disposé. »
La référence aux pères, en tant que chefs de famille, ne signifie pas que les mères soient exclues (Exode 20 :12 ; Proverbes 1 :8). Néanmoins, la Bible indique que les pères doivent prendre l’initiative en matière d’instruction. Dieu tourna Ses regards vers Abraham car Il le connaissait bien et Il savait qu’il enseignerait sa famille. Voici ce que Dieu déclara à son sujet : « Cacherai-je à Abraham ce que je vais faire ? […] Car je le connais, et je sais qu’il commandera à ses fils et à sa maison après lui de garder la voie de l’Éternel, pour pratiquer ce qui est juste et droit, afin que l’Éternel fasse venir sur Abraham ce qu’il a dit à son égard » (Genèse 18 :17-19, Darby).
Les enfants de la fin des temps
Fondamentalement, Malachie nous montre qu’il y a un problème avec les enfants à la fin des temps et que les parents sont essentiels pour ramener leur cœur à Dieu. Cette transformation n’est pas le fruit du hasard. Elle nécessite un effort diligent de la part des pères et des mères pour s’assurer qu’une génération de croyants dévoués subsiste à la fin des temps.
D’autres versets confirment qu’il existe un problème avec les dernières générations à la fin des temps. Paul écrivit que nos concitoyens « ne se sont pas souciés de connaître Dieu » (Romains 1 :28). Il en résulte une longue liste de péchés, décrivant des enfants « rebelles à leurs parents, dépourvus d’intelligence, de loyauté, d’affection naturelle, de miséricorde » (versets 30-31). Paul dit à Timothée que des temps difficiles viendraient « dans les derniers jours » et que les enfants seraient « rebelles à leurs parents » (2 Timothée 3 :1-2). Voyez ce que Dieu annonça par l’intermédiaire d’Ésaïe : « Mon peuple a pour oppresseurs des enfants, et des femmes dominent sur lui ; mon peuple, ceux qui te conduisent t’égarent, et ils corrompent la voie dans laquelle tu marches » (Ésaïe 3 :12). N’est-ce pas ce que nous voyons de nos jours ?
Nous vivons dans un monde confus et sens dessus-dessous. Dieu créa Adam en premier et lui confia la responsabilité de diriger sa famille. Ce rôle de l’homme n’a pas changé. Nous devons prendre l’initiative ! Il va sans dire qu’il doit s’agir d’une prise en main aimante et attentionnée, mais les hommes ne doivent pas négliger leur rôle de dirigeant. Le problème n’est pas que les femmes ne savent pas diriger, c’est plutôt que les hommes n’ont pas compris leur rôle et ne se sont pas montrés à la hauteur. Ce manque de leadership commence dès l’enfance. Beaucoup d’hommes, y compris la plupart d’entre vous qui lisez cet article, se tiennent debout, subviennent aux besoins de leur famille et sont des dirigeants spirituels dans leur foyer, mais ce n’est pas le cas dans le monde en général – et ce n’est pas toujours le cas dans l’Église.
Plusieurs facteurs s’opposent à ce que les hommes remplissent la vocation que Dieu leur a confiée. Les pères absents pèsent lourdement sur la société et il ne s’agit pas d’un problème exclusivement masculin. Les hommes comme les femmes peuvent être responsables des divorces et, malheureusement, l’Église n’est pas à l’abri. Les États-Unis comptent aujourd’hui 24,7 millions d’enfants qui vivent dans des foyers sans père. Cela représente un enfant sur trois ! Ce problème ne se limite pas aux États-Unis. Selon Statistique Canada, « en 2016, plus de 1 million d’enfants (1.114.055), ou 19,2% de tous les enfants âgés de 0 à 14 ans, vivaient dans une famille monoparentale, avec ou sans leurs grands?parents ou d’autres personnes apparentées aussi présents dans le ménage ».1 Notez que ces chiffres ne concernent que les enfants jusqu’à l’âge de 14 ans. Bien que le tableau soit moins terrible que celui de leur voisin du sud, qui pourrait penser que près d’un enfant sur cinq vivant sans père est un tableau rose ?
Notez quelques-unes des conséquences tragiques des foyers sans père : « 85% des enfants dont le père est absent sont impliqués dans la criminalité. 70% des enfants vivant dans des foyers sans père ont abandonné l’école secondaire. Les enfants vivant dans des foyers sans père sont quatre fois plus susceptibles de vivre dans la pauvreté. Les filles élevées dans des foyers sans père sont huit fois plus susceptibles de devenir des mères adolescentes. 85% des enfants vivant sans père souffrent de troubles du comportement. »2
Voyez comment une étude britannique a souligné les effets de l’absence de père sur les filles et les femmes : « En plus des troubles alimentaires, les filles déconnectées de leur père ont tendance à être plus vulnérables, plus autodestructrices, plus méfiantes et à être rongées par la peur de l’abandon plus tard dans leur vie. On a constaté que 71% des adolescentes enceintes sont issues de foyers sans père ; 92% des filles élevées dans des foyers sans père divorcent par la suite ; et les femmes enceintes dont le père est absent connaissent un taux de perte du bébé de 48%. Autrement dit, grandir sans père laisse des traces. »3
Alors que la plupart des statistiques se concentrent sur les conséquences de l’absence de père au sein des foyers, nous ne devons pas négliger de souligner les avantages liés à la direction juste d’un père : « Les adolescents dont les pères sont positifs et prennent soin d’eux sont 80% moins susceptibles d’aller en prison. »4
Comme le soulignent de nombreuses sources, une guerre est menée contre les pères et les hommes en général. Cela n’échappe pas aux garçons qui grandissent. Une de nos vidéos Point de vue, sur YouTube, pose la question suivante : « Les écoles discriminent-elles les garçons ? » Cette vidéo a été visionnée plus de 3,3 millions de fois en anglais et elle a généré plus de 50,000 commentaires. La plupart de ces commentaires proviennent de jeunes hommes qui sont témoins des préjugés à l’encontre des garçons à l’école, mais certaines filles se sont également exprimées. « Je n’avais que 8 ans, mais j’ai senti que quelque chose n’allait pas dans la façon dont les garçons de ma classe étaient traités », explique ainsi l’une d’entre elles.
Cela étant, se plaindre d’un problème et vivre en victime ne résout rien. Dieu veut que les hommes et les femmes soient des vainqueurs. L’acte même de vaincre indique qu’un obstacle se trouve sur le chemin et doit être franchi. Les pères selon Dieu doivent se lever et surmonter les obstacles présentés par la société de Satan telle qu’elle se manifeste aujourd’hui. Ils doivent aider leurs fils et leurs filles à en faire de même.
Les pressions culturelles jouent contre les hommes et pas seulement à l’école. Les femmes envahissent les emplois traditionnellement dominés par les hommes, tels que le bâtiment, l’ingénierie ou l’armée. Il n’est donc pas surprenant que les hommes envahissent à leur tour ce qui est féminin, depuis les toilettes publiques aux vestiaires, en passant par le sport. C’est une honte et les hommes devraient prendre l’initiative de s’y opposer.
Cependant, nous vivons dans le monde de Satan. Vous et moi n’allons pas le changer maintenant. Ce changement interviendra le moment venu. Le monde dans lequel nous vivons est ce qu’il est. C’est donc à nous de trouver comment surmonter les obstacles qui s’érigent devant nous.
Le rôle de l’Église
Tous ceux qui me connaissent savent que j’aime travailler avec les jeunes. Je suis un grand partisan de nos camps des jeunes et je soutiens avec enthousiasme le programme de l’Éducation Vivante, mais ces activités ne peuvent remplacer les fondations solides fournies par une famille dirigée par un père attentionné et obéissant à Dieu, avec l’aide d’une épouse qui le soutient. Oui, l’Église peut être bénéfique à la jeune génération, mais l’attention de Dieu se porte à juste titre sur les familles, où se déroule la part essentielle du travail.
Nous encourageons et soutenons les parents, mais c’est à eux que s’adresse le commandement suivant, pas à l’Église : « Tu les inculqueras [les commandements de Dieu] à tes enfants, et tu en parleras quand tu seras dans ta maison, quand tu iras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras. Tu les lieras comme un signe sur tes mains, et ils seront comme des fronteaux entre tes yeux » (Deutéronome 6 :7-8).
Nous avons aussi ce beau passage dans les Psaumes, expliquant la valeur de la transmission des œuvres de Dieu de génération en génération :
« Nous ne le cacherons point à leurs enfants ; nous dirons à la génération future les louanges de l’Éternel, et sa puissance, et les prodiges qu’il a opérés. Il a établi un témoignage en Jacob, il a mis une loi en Israël, et il a ordonné à nos pères de l’enseigner à leurs enfants, pour qu’elle soit connue de la génération future, des enfants qui naîtraient, et que, devenus grands, ils en parlent à leurs enfants, afin qu’ils mettent en Dieu leur confiance, qu’ils n’oublient pas les œuvres de Dieu, et qu’ils observent ses commandements, afin qu’ils ne soient pas, comme leurs pères, une race indocile et rebelle, une race dont le cœur n’était pas ferme, et dont l’esprit n’était pas fidèle à Dieu » (Psaume 78 :4-8).
Bien que cet article se concentre sur les pères, il n’a pas pour but d’occulter le besoin d’avoir des mères suivant les lois divines. Dieu a prévu que les deux parents travaillent ensemble dans la famille. Il est bon que les pères et les mères s’engagent ensemble dans l’éducation des enfants. Chacun apporte des perspectives et des forces différentes. Alors que le monde tente d’ignorer l’importance des pères, nous ne devons pas négliger d’en proclamer son importance, qui devrait être évidente d’après les statistiques mentionnées précédemment.
Les défis de notre époque
Être parent n’a jamais été facile, mais ceux qui le sont aujourd’hui sont confrontés à des défis que leurs propres parents n’ont jamais eu à relever. La technologie a changé notre monde et nous ne devons pas être naïfs quant à la dynamique et aux difficultés qu’elle présente. Très peu de parents comprennent les dommages que les réseaux sociaux peuvent causer aux enfants, tels que l’augmentation de la dysphorie de genre, la dépression, les sextos, la solitude, le harcèlement en ligne, la perte de sommeil et bien d’autres symptômes. En outre, s’ils ne sont pas contrôlés, les jeux vidéo peuvent facilement entraîner une dépendance, notamment chez les garçons et les jeunes hommes.
Conscients de ces problèmes et d’autres liés à la technologie moderne, des adultes de la ville de Greystones, en Irlande, se sont regroupés pour interdire les smartphones aux enfants de moins de 13 ans, y compris à la maison. « 96% [des parents] ont signé ce pacte qui veut que leurs enfants n’aient pas de téléphone avant le secondaire […] Les huit écoles primaires de Greystones s’étant accordées pour que tous les enfants de la ville suivent le même règlement, il n’y a plus de pression sociale. »5
Le ministre de la Santé irlandais, Stephen Donnelly, s’est prononcé en faveur de l’interdiction dans une tribune parue le 31 mai 2023, dans le Irish Times :
« Sur les plateformes des réseaux sociaux, les enfants et les adolescents peuvent être exposés à des contenus qui nuisent à leur santé mentale. Ces dommages sont parfois profonds. Les parents évoquent l’anxiété, les troubles alimentaires, la dysmorphie corporelle, l’automutilation et les pensées suicidaires. Un des problèmes est que les algorithmes déterminant ce qu’un enfant voit dans son fil d’actualité peuvent donner la priorité à des contenus semblables à ceux qu’il a déjà consultés. L’objectif est de faire en sorte que le client utilise l’application le plus longtemps possible. Ainsi, une fille qui regarde un article sur l’amincissement peut être ciblée par un contenu sur l’anorexie. J’ai parlé avec des parents qui m’ont raconté les dommages bouleversants que cela avait causé à leurs filles. Certains enfants et jeunes adolescents accèdent à de la pornographie, y compris à des contenus extrêmes, avec toute une série de conséquences profondément troublantes. »6
Donnelly souligna aussi que de plus en plus d’études recensent les dommages causés aux enfants par les contenus disponibles sur Internet. « Je pense que la forte augmentation du nombre de visites dans les services de santé mentale pour les jeunes, que nous avons constatée ces dernières années, est liée à ce que nous disent ces rapports. » Il écrivit ensuite en référence à la restriction adoptée à Greystones, volontaire mais largement respectée : « Cette approche unifiée des parents signifie qu’aucun d’entre eux ne peut tomber dans le piège de la plainte puissante et culpabilisante : “Mais tout le monde dans ma classe en a un.” » Le fait que « tout le monde le fait » n’est pas une excuse pour que les parents se taisent et ne prennent pas les bonnes décisions pour leurs enfants, qu’il s’agisse des jeux vidéo ou d’Internet. Cela peut même aller à l’encontre des décisions prises par d’autres parents dans l’Église.
Nous nous concentrons souvent sur ce que les pères peuvent faire pour leurs fils, mais qu’en est-il de leurs filles ? Lorsque le boxeur Mohamed Ali s’était plaint du manque de modestie vestimentaire de sa fille, il aurait pu céder à la pression de la société – « tout le monde s’habille comme ça ». Mais il ne l’a pas fait. Au contraire, il fit preuve de fermeté, mais avec compassion. C’est un exemple classique de l’importance d’un père attentionné, comme l’a raconté sa fille, Hana :
« Il m’a regardé droit dans les yeux et m’a dit : “Hana, tout ce que Dieu a fait de précieux dans le monde est couvert et difficile d’accès. Où trouves-tu des diamants ? Au plus profond de la terre, couverts et protégés. Où trouves-tu des perles ? Au fond de l’océan, couvertes et protégées dans un magnifique coquillage. Où trouves-tu de l’or ? Tout au fond de la mine, recouvert de plusieurs couches de roches. Il faut travailler dur pour les atteindre […] Ton corps est sacré. Tu es bien plus précieuse que les diamants et les perles, et tu devrais être couverte aussi.” »7
Qu’il l’ait réalisé ou non, Mohamed Ali suivait les instructions de Deutéronome 6. Nous devons instruire nos enfants à mesure que les opportunités se présentent au cours de la vie. Lorsque je vois des filles ou des femmes s’habiller de manière impudique, je me demande souvent où sont les pères. En tant qu’hommes, nous devons parfois faire preuve de fermeté, aller à contre-courant de la société, oublier ce que font les autres et mettre un terme à ce qui nuit à la famille. Nous devons tourner notre cœur vers nos enfants !
1 “Portrait de la vie familiale des enfants au Canada en 2016”, Statistique Canada, 2 août 2017
2 “20 Fatherless Homes Statistics in 2024”, IncrediTools.com, 27 juin 2023
3 “The Famine of Fatherlessness”, Shout Out UK, 25 juin 2020
4 IncrediTools.com, op. cit.
5 “Interdire les smartphones chez les enfants…”, RTS, 4 juillet 2023
6 “School smartphone pacts should be adopted nationally”, Stephen Donnelly, The Irish Times, 31 mai 2023
7 More Than A Hero, Hana Ali, Hodder Paperbacks, pp. ix-x