Se plaindre ou aller de l’avant
Au cours de l’Histoire, quelques événements charnières ont eu lieu à l’époque de la Pâque et des Pains sans Levain. Les plus célèbres d’entre eux sont la sortie d’Égypte au début de l’Exode et la mort de Jésus-Christ. Un de mes exemples préférés se trouve dans Josué 5, rapportant comment les Israélites observèrent leur première Pâque en Terre promise. Bien que ce ne soit pas dit explicitement, il semble qu’ils marchèrent autour de Jéricho pendant les Jours des Pains sans Levain.
Un événement dans Josué 5 montre jusqu’où les Israélites durent aller pour recentrer leur état d’esprit vers Dieu et vers Son Œuvre. Nous lisons qu’après avoir franchi le Jourdain, Dieu ordonna à Josué de circoncire tous les Israélites et ceux-ci obéirent (Josué 5 :2-8). La façon dont cet épisode est rapporté factuellement fait qu’il est facile de lire rapidement ces versets.
N’êtes-vous pas surpris de voir combien les Israélites se plièrent instantanément et volontairement à cet ordre ? Bien entendu, il est possible qu’il y eût quelques contestations ici et là, qui ne nous aient pas été rapportées. Cela étant, dans tous les écrits précédents, Dieu n’a jamais hésité à rapporter les nombreuses occasions où les Israélites se sont plaints d’un problème, d’une obligation ou d’une situation. Et Dieu les tint responsables de leur attitude. Mais dans le livre de Josué, ils cessèrent soudainement de se plaindre, malgré des circonstances qui auraient pu engendrer des plaintes. Il est raisonnable de penser que cette nouvelle génération d’Israélites avait retenu la leçon que Dieu leur enseigna concernant les plaintes de leurs parents, dont ils avaient laissé les corps derrière eux dans le désert.
Un récit ne contenant aucune plainte est encore plus impressionnant lorsque vous songez à ce que Dieu leur ordonna dans Josué 5 ! Pouvez-vous imaginer une population entière d’individus masculins, dont beaucoup avaient atteint l’âge adulte, ne pas se plaindre à l’idée d’être circoncis ? De plus, Dieu donna cet ordre juste avant que les Israélites lancent leur offensive en territoire ennemi et conquièrent aient conquis la moindre ville à l’ouest du Jourdain. Cette pause, afin de mettre en œuvre un immense projet chirurgical, aurait pu conduire à une catastrophe miliaire, notamment lorsque nous considérons ce qui se produisit avec Sichem dans Genèse 34.
Nous serions-nous plaints ?
Peut-être pensez-vous que nous ne nous serions pas plaints, mais aurions-nous déguisé quelques plaintes sous couvert de suggestions ? « Tu sais, Josué, peut-être aurions-nous dû pratiquer cette circoncision avant de franchir le Jourdain ? » Ou encore, « Pourquoi ne pas attendre de faire cela après que nous aurons conquis le pays ? »
Transposez cette situation à l’époque moderne. Comment réagirait le peuple si le dirigeant d’une nation ordonnait que tous les hommes en âge de combattre subissent une opération chirurgicale, en même temps, qui les empêcherait d’accomplir leur devoir pendant environ une semaine ? Et que se passerait-il si ce dirigeant faisait cela juste après avoir positionné ses troupes en territoire hostile ? Un tel dirigeant serait ridiculisé, dans le meilleur des cas, pour une telle action – et à juste titre, car sans la bénédiction divine, cela pourrait conduire à une défaite militaire.
Malgré tout cela, les Israélites gardèrent le silence et obéirent dans cette situation. Ils acceptèrent la circoncision, ils observèrent la Pâque et ils se focalisèrent sur la mission donnée par Dieu de conquérir la Terre promise. Ils s’éloignèrent remarquablement de leur habitude de se plaindre.
Dieu travaillait avec les Israélites et pas seulement en les guidant physiquement hors d’Égypte. Il cherchait à changer leur culture, leurs lois et leur état d’esprit. Pour y parvenir, il fallut bien plus que le temps nécessaire à marcher physiquement depuis l’Égypte jusqu’en Israël. Il fallut une génération entière ! Néanmoins, Dieu accomplit Son but patiemment avec ce peuple rebelle, au point qu’ils ne se plaignirent même pas lorsqu’ils durent être circoncis en territoire ennemi.
Leur absence de plainte était un des principaux signes qu’ils étaient complètement sortis d’Égypte. Ce n’est pas une coïncidence si ces événements eurent lieu juste avant et pendant les Jours saints de Printemps. À l’approche de ces Jours saints, Josué 5 peut également nous aider. Être conscients de nos propres plaintes donne souvent un signe clair montrant que nous devons enlever le levain de notre comportement charnel.
S’efforcer de nous perfectionner
Chaque année, avant les Jours saints de Printemps, nous entendons des sermons citant cette instruction concise de l’apôtre Paul : « Examinez-vous vous-mêmes, pour savoir si vous êtes dans la foi ; éprouvez-vous vous-mêmes. Ne reconnaissez-vous pas que Jésus-Christ est en vous ? à moins peut-être que vous ne soyez désapprouvés » (2 Corinthiens 13 :5). Pourquoi cela était-il important pour Paul ? Il écrivit cela pour le « perfectionnement » des Corinthiens (verset 9) et il les exhorta sans ambages : « Perfectionnez-vous » (verset 11).
Une manière de contrôler une attitude de plainte est d’étudier la Bible quotidiennement. Les Écritures elles-mêmes se décrivent comme étant un outil pour nous perfectionner. Nous lisons que « toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre » (2 Timothée 3 :16-17).
Même un revers peut nous donner l’occasion de nous perfectionner. Les Écritures nous rappellent : « Mes frères, regardez comme un sujet de joie complète les diverses épreuves auxquelles vous pouvez être exposés, sachant que l’épreuve de votre foi produit la patience. Mais il faut que la patience accomplisse parfaitement son œuvre, afin que vous soyez parfaits et accomplis, sans faillir en rien » (Jacques 1 :2-4). Les épreuves nous donnent l’occasion de croître dans la foi et la patience. Elles nous aident à nous perfectionner, si nous ne nous opposons pas à ce processus. Sans aucun doute, c’est parfois difficile lorsque nous ne comprenons pas totalement l’épreuve que nous affrontons. Mais même lorsque nous n’avons pas encore compris la leçon que Dieu essaie de nous apprendre, nous pouvons croître dans la patience et développer davantage le caractère saint et juste de Dieu. Comme pour les Israélites, ces opportunités de croissance peuvent mettre à l’épreuve notre résolution de ne pas nous plaindre.
Se plaindre ou expliquer ?
De temps en temps, je conseille des personnes qui s’empêchent malheureusement de parler aux autres d’une mauvaise situation pour ne pas donner l’impression de se plaindre. Mais s’ils avaient partagé le problème avec quelqu’un d’autre, cela aurait pu alléger leur épreuve. L’Église du Nouveau Testament se trouva dans cette situation (Actes 6) lorsque les apôtres furent informés d’un problème se développant entre les Hellénistes et les Hébreux. Les dirigeants de l’Église purent examiner le problème et fournir une solution. Le problème n’aurait pas pu être résolu s’il n’avait pas été présenté aux dirigeants de l’Église. Il ne s’agissait pas de se plaindre ou d’essayer d’affaiblir ces dirigeants mis en place par Dieu. Et si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, nous discernons généralement la différence entre une tentative sincère de résoudre une situation délicate et le fait de « râler » afin de se sentir mieux sur le moment.
En ayant cela à l’esprit, combien de fois nous plaignons-nous de nos dirigeants civils ou les critiquons-nous ? Il est très probable que nous désapprouvions leurs actions ou qu’ils commettent ouvertement des péchés. Mais nous savons bien que Philippiens 2 :14 ne dit pas : « Faites toutes choses sans murmures ni hésitations, sauf si vos dirigeants politiques sont stupides. » La politique est souvent un sujet où les discussions consistent à se plaindre et à critiquer, plutôt que d’essayer de résoudre le problème. En tant que chrétiens, nous savons que seul le retour de Jésus-Christ mettra fin à ces problèmes. L’instruction de Paul ne comporte aucune exception : « Faites toutes choses sans murmures ni hésitations. » Chercher à résoudre un problème est une étape positive pour améliorer une situation. Mais se plaindre et critiquer ne devraient pas avoir de place dans notre vie.
Paul mit l’accent sur cet état d’esprit en poursuivant la phrase dans Philippiens 2 :15 : « … afin que vous soyez irréprochables et purs, des enfants de Dieu irréprochables au milieu d’une génération perverse et corrompue, parmi laquelle vous brillez comme des flambeaux dans le monde. » Un aspect essentiel pour être une lumière dans le monde, en accomplissant l’Œuvre de Dieu dans notre vie personnelle, est d’éviter de se plaindre et de critiquer ! Lorsque les gens voient que nous sommes heureux, malgré les désagréments, nous sommes une lumière dans le monde. De plus, lorsque nous évitons de nous plaindre, nous montrons que nous avons appris une des leçons de l’Exode. Paul expliqua que nous ne devrions pas nous plaindre « comme murmurèrent [critiquèrent] quelques-uns d’entre eux » (1 Corinthiens 10 :10). Le récit de la sortie d’Égypte des Israélites nous apprend souvent ce que nous ne devons pas faire.
Une occasion de croissance
Lorsque nous nous surprenons en train de nous plaindre, nous avons une grande opportunité de nous examiner et de voir comment nous repentir et nous perfectionner. La réponse est souvent de nous focaliser sur la vue d’ensemble et d’être reconnaissants de ce que Dieu accomplit. Il semble que cela fonctionna pour les Israélites dans Josué 5 et 6. Contrairement à leurs parents, ils regardèrent au-delà de leurs difficultés et ils se focalisèrent sur ce que Dieu effectuait. Celui-ci avait promis d’accomplir Ses promesses pour leur génération. Ils savaient que le pays leur appartiendrait s’ils obéissaient à Dieu et suivaient Ses instructions.
Vers la fin de sa vie, Josué médita sur la leçon que les Israélites avaient apprise : « Voici, je m’en vais maintenant par le chemin de toute la terre. Reconnaissez de tout votre cœur et de toute votre âme qu’aucune de toutes les bonnes paroles prononcées sur vous par l’Éternel, votre Dieu, n’est restée sans effet ; toutes se sont accomplies pour vous, aucune n’est restée sans effet » (Josué 23 :14). Josué avait été témoin de la transformation des Israélites entre la génération des « râleurs » et une nouvelle génération qui ne se plaignait pas car elle était focalisée sur l’Œuvre de Dieu.
De nos jours, en tant que peuple d’Israël spirituel, nous avons la même opportunité et la même promesse de recevoir l’aide de Dieu. Il peut et Il veut nous aider à vaincre nos péchés, dont celui d’avoir une attitude consistant à se plaindre. Mais nous devons et nous pouvons vaincre cette tendance humaine. Et nous pouvons être confiants de réussir, en nous souvenant des paroles inspirées de Paul : « Je suis persuadé que celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre la rendra parfaite pour le jour de Jésus-Christ » (Philippiens 1 :6).
Dieu désire achever l’œuvre qu’Il effectue en chacun d’entre nous. Assurons-nous de faire notre part en surmontant notre tendance à nous plaindre, afin que notre conduite devienne entièrement sans levain !