Une Fête inoubliable
Un des buts de la Fête des Tabernacles est d’apprendre à nous souvenir – à ne pas oublier. Dès le début, cette Fête était destinée à rappeler aux Israélites certains événements qui eurent lieu lorsqu’ils sortirent d’Égypte : « Vous demeurerez pendant sept jours sous des tentes ; tous les indigènes en Israël demeureront sous des tentes, afin que vos descendants sachent que j’ai fait habiter sous des tentes les enfants d’Israël, après les avoir fait sortir du pays d’Égypte. Je suis l’Éternel, votre Dieu » (Lévitique 23 :42-43). Dieu voulait qu’ils répètent cela annuellement, génération après génération, en mémoire de leur expérience dans le désert.
Dans l’Église de Dieu, nous continuons à observer la Fête des Tabernacles. Nous nous rappelons de la délivrance que Dieu accorda à Son peuple dans le passé et des événements prophétisés pour le règne millénaire à venir du Christ. Chaque année, nous nous forgeons tous des souvenirs personnels au cours de la Fête. Pour beaucoup d’entre nous, c’est le point culminant, spirituel et physique, de l’année. Nous quittons notre domicile, nous nous assemblons avec d’autres frères et sœurs et nous célébrons Dieu pendant huit jours inoubliables. Nous obéissons au commandement divin de nous assembler, nous L’adorons comme un seul corps et nous repartons avec de précieux souvenirs qui nous guident au cours de notre vie. Tous les aspects de la Fête – les saveurs, les sons et ce que nous voyons – ont été prévus par Dieu pour se forger des souvenirs qui nous donneront de la force et de l’encouragement tout au long de notre vie.
Que nous soyons dans la vérité depuis quelques années ou que nous ayons suivi ce chemin depuis des décennies, nous avons des souvenirs des Fêtes passées. La question est de savoir ce que nous allons retenir de la Fête cette année.
Des obstacles imprévus
Nous sommes probablement tous d’accord pour dire que l’expérience de la Fête des Tabernacles 2020 sera particulièrement mémorable. Aucun d’entre nous ne s’attendait à l’épidémie de Covid-19 et à ses conséquences. L’année dernière, la plupart d’entre nous pensaient probablement que la Fête se déroulerait de la même manière en 2020 et que nous nous préparerions à une Fête comme les autres. Nous n’avions aucune idée du bouleversement que cette année allait apporter !
Bien que le siège central de l’Église ait annoncé l’emplacement de la plupart des sites de Fête en février, la décision fut prise de retarder les inscriptions après la Pâque. Nous savons tous ce qui est arrivé en février et mars : la crise du Covid-19 a ravagé notre société. À travers le monde, les gouvernements ont interdit les déplacements internationaux et promulgué des décrets limitant drastiquement les réunions de groupe. Cela a eu un effet considérable sur les assemblées de sabbat, de la Pâque et des Jours des Pains sans Levain. Mais cela a aussi affecté directement la planification de la Fête. En regardant en arrière, nous pouvons voir que Dieu inspira directement M. Gerald Weston à retarder les inscriptions. Cela donna davantage de flexibilité à tout le monde lorsque les plans ont dû être repensés. Cela signifie que les frères et sœurs ne se sont pas retrouvés avec de l’argent bloqué pour des réservations d’hôtel, de gîte ou de billets d’avion. Parfois, nous voyons bien mieux la main de Dieu en rétrospective.
Au cours du mois d’avril, nous avons tenu des réunions pour discuter des options disponibles pour la Fête. D’une part, il semblait alors possible que tout rentre dans l’ordre pour le mois d’octobre, mais d’autre part il était envisageable que les restrictions se poursuivent, voire qu’il y ait une seconde vague apportant davantage de contraintes. Il fallut se poser des questions importantes : quel sera le scénario le plus probable au moment de la Fête ? Quelles démarches pouvons-nous entreprendre pour se préparer à une multitude de possibilités dans des dizaines d’endroits différents ? Que devons-nous faire avec les contrats déjà signés par l’Église ? Non seulement le virus était une « nouveauté », mais c’était aussi la première fois que l’Église affrontait une telle situation dans la planification de la Fête.
Tout reprendre à zéro
La décision fut prise de réévaluer tous nos sites à travers le monde. Il était essentiel de prendre en compte les restrictions locales ainsi que les scénarios possibles qui pourraient avoir lieu cinq mois plus tard. Le but était d’aboutir à des directives générales fournissant une base de travail qui pourrait être utilisée dans tous les sites à travers le monde, tout en permettant des aménagements en fonction des spécificités régionales. Il a donc été décidé d’avoir des sites « plus petits et plus locaux ». Les transferts internationaux ont été suspendus, les sites ont été limités à 200 membres et il a été demandé aux frères et sœurs de se rendre sur le site le plus proche de chez eux.
En mai et en juin, les sites existants ont été renégociés et des contrats ont été signés pour de nouveaux sites. En dehors des États-Unis, beaucoup de sites ont conservé la même taille, mais nous avons dû faire des ajustements et augmenter le nombre de sites en Amérique. Nous avons aussi dû multiplier les sites en Australie et au Canada afin de prévenir la fermeture des frontières entre les provinces. Les sites qui attirent un grand nombre de visiteurs internationaux ont été réduits pour n’accueillir que les membres locaux. Au moment d’écrire cet article, de nombreux pays ont encore des mesures de confinement en place ou commencent seulement à rouvrir. Il est donc difficile de finaliser des contrats avec les hôtels. Dans certains pays, des « microsites » ont dû être organisés et les membres suivront les sermons en ligne via une diffusion en direct. Aux États-Unis, 23 sites ont été organisés, soit en renégociant les contrats existants, soit en signant de nouveaux contrats.
En avançant dans ce processus, la flexibilité et la créativité des coordinateurs pour la Fête et l’aide des volontaires locaux, pour chercher de nouveaux sites, ont représenté un élément crucial dans la gestion de cette immense tâche. Les réunions en ligne ont fourni une communication essentielle avec les coordinateurs et les directeurs régionaux afin d’entendre immédiatement leurs commentaires et leurs conseils avant de prendre de grandes décisions.
En parlant de la Fête des Tabernacles, la Bible ordonne que le peuple de Dieu se présente devant Lui dans le lieu où Il aura placé Son nom. « Tu mangeras devant l’Éternel, ton Dieu, dans le lieu qu’il choisira pour y faire résider son nom » (Deutéronome 14 :23). Mais comment savons-nous où Dieu place Son nom ? Le leadership de l’Église doit prendre des décisions au sujet des installations qui répondent aux besoins pour la Fête. Mais le plus important est que nous priions Dieu afin qu’Il nous guide en ouvrant les portes. Et il est encourageant de voir des portes s’ouvrir aussi rapidement et de façon inattendue ! Comme un de nos volontaires l’a fait remarquer, au sujet des plans qui se sont mis en place de façon incroyable dans sa région : « Nous sommes arrivés pile au bon moment ! » Une coïncidence ? Ceux qui travaillent à la préparation de la Fête n’ont aucun doute qu’il s’agit de la main de Dieu à l’œuvre.
Des projets annulés
Pour certains frères et sœurs, 2020 aura été « l’année des projets annulés ». Pour ceux qui ont l’habitude de voyager loin de leur site assigné, observer la Fête localement sera une expérience nouvelle. Les restrictions de voyage ont mis en pause les projets de beaucoup de gens. Dans certains cas, de telles restrictions ont même été implémentées entre les régions ou les provinces d’un même pays. Alors que j’écris ces lignes, certains pays n’acceptent toujours pas de visiteurs en provenance des États-Unis. De nombreuses incertitudes planeront encore concernant les restrictions en vigueur à l’époque de la Fête et de nouvelles restrictions seront peut-être ajoutées.
Cette année, nous encourageons fortement les frères et sœurs à se rendre à leur site de Fête assigné. Pour ceux qui vivent en dehors des États-Unis, du Canada et d’autres pays riches, cela ne sera pas une nouveauté. Dans beaucoup de régions, il y a un seul site de Fête pour le pays tout entier, voire pour plusieurs pays. Même aux États-Unis, où le plus de gens se rendent sur d’autres sites, environ 50% des membres observent habituellement la Fête sur leur site local. Donc rien de nouveau pour eux. Ils apprécient l’opportunité d’assister à la Fête, même s’ils se rendent dans la même ville depuis de nombreuses années, car c’est là que Dieu a placé Son nom.
Parmi ceux qui ont été bénis de pouvoir se permettre de voyager chaque année, certains se demandent : « Pourquoi les transferts sont-ils supprimés ? » Il y a plusieurs raisons à cela. Premièrement, les restrictions gouvernementales pourraient vous empêcher de voyager. Si nous faisons des plans pour observer la Fête localement, il est moins probable que nos projets soient affectés si de nouvelles restrictions sont mises en place. Comme les actualités nous le rappellent constamment, la situation est particulièrement volatile en matière de régulations gouvernementales et nous devons planifier en conséquence, en restant flexibles dans un environnement où les restrictions locales peuvent changer drastiquement du jour au lendemain. Une autre raison d’observer la Fête localement concerne l’éventualité qu’une personne venant à la Fête soit porteuse du coronavirus – le fait d’être proche de chez vous simplifiera la situation (pour une hospitalisation, ou juste pour se mettre en quarantaine à son domicile). Ces directives nous permettent aussi de planifier un nombre consistant de participants pour chaque site de Fête – autour de 200 personnes cette année. Si nous autorisions les transferts, il serait impossible de maintenir ce nombre de façon consistante et de remplir ainsi de nombreuses obligations contractuelles de l’Église. De plus, si un hôtel ou une salle dans une région donnée tombe sous le coup d’une restriction inattendue du nombre maximal de participants pouvant se réunir en même temps dans une salle, un groupe de 200 personnes apporte davantage de flexibilité pour nous adapter aux circonstances afin que la Fête puisse se dérouler du mieux possible.
Ces décisions ont été une déception pour certains et nous pouvons le comprendre. La Fête est une époque pour se réjouir des bénédictions de la vie et peut-être que Dieu vous a béni depuis de nombreuses années, en vous donnant les moyens de voyager. Mais si vous ne pouvez pas voyager loin cette année, cela signifie-t-il que cette Fête des Tabernacles sera « la grande déception de l’année » ?
Des moments de joie
Nous affrontons parfois des défis pendant la Fête. Lorsque nous repensons aux années passées, nous pouvons nous souvenir des fois où tout ne s’est pas déroulé comme prévu et que nous avons rencontré des difficultés. Pensez à votre vie. Dans le passé, vous avez peut-être eu à gérer une maladie handicapante ou une grosse panne de voiture au cours de la Fête. Parfois, les membres viennent à la Fête avec beaucoup de tristesse car leur conjoint vient juste de décéder. Ne soyons pas naïfs – nous traversons parfois des épreuves, même pendant la Fête des Tabernacles. Pour certains, l’épreuve a pu être de ne pas pouvoir se rendre du tout à la Fête. Vous êtes peut-être dans cette situation cette année. Il serait facile d’y « renoncer », façon de parler, et de considérer cette Fête comme une Fête à oublier. Mais Dieu veut-Il vraiment que nous fassions cela ?
Dans toutes les situations difficiles, il y a des bénédictions inattendues si nous les cherchons. Même dans les pires épreuves, nous pouvons et nous devrions chercher les bénédictions divines. En nous soumettant à la volonté de Dieu – même lorsqu’Il répond « Non ! » à certaines de nos demandes – nous pouvons Lui demander Ses bénédictions avec la foi solide qu’Il est en charge et qu’Il récompensera Ses fidèles serviteurs. Notez ce que le prophète Joël écrivit au sujet d’une époque à venir qui sera très grave et très difficile. Il écrivit que les serviteurs de Dieu affronteront une époque très sombre, qu’ils se lamenteront, ils jeûneront et ils s’humilieront – en espérant une bénédiction de Dieu ! « Déchirez vos cœurs et non vos vêtements, et revenez à l’Éternel, votre Dieu ; car il est compatissant et miséricordieux, lent à la colère et riche en bonté, et il se repent des maux qu’il envoie. Qui sait s’il ne reviendra pas et ne se repentira pas, et s’il ne laissera pas après lui la bénédiction, des offrandes et des libations pour l’Éternel, votre Dieu ? » (Joël 2 :13-14). Parfois, même au milieu des pires épreuves, nous nous souvenons de quelque chose et nous sourions – même si nous ne voudrions en rien revivre cette épreuve. Lorsque nous pensons à ces souvenirs, nous nous rappelons du « fruit paisible de justice pour ceux qui ont été ainsi exercés » (Hébreux 12 :11, Ostervald).
De quoi vous souviendrez-vous cette année ? C’est assurément une année inhabituelle. Beaucoup de plans ont été contrariés. Les sites seront plus petits. Il y aura moins d’adolescents ou de jeunes à rencontrer. Les activités seront réduites. Il n’y aura pas de grandes soirées dansantes ou de banquets. Mais nous aurons toujours l’occasion d’accomplir ce que Dieu veut que nous fassions pendant la Fête. En effet, nous serons toujours en mesure de « [manger] devant l’Éternel, ton Dieu, dans le lieu qu’il choisira pour y faire résider son nom » comme Il le souhaite et nous aurons l’occasion « [d’apprendre] à craindre toujours l’Éternel, ton Dieu » (Deutéronome 14 :23). Nous aurons aussi la possibilité d’inclure « l’étranger, l’orphelin et la veuve qui seront dans tes portes » (Deutéronome 16 :14).
Lorsque tout sera terminé, quels seront nos principaux souvenirs de cette Fête ? Nos déceptions ou bien les moments qui nous auront apporté de la joie et qui nous auront permis de nous réjouir devant notre Père céleste ? Cela dépendra de nos attentes et de l’approche que nous choisirons pour la Fête. Cela dépendra si nous nous focaliserons ou non sur la véritable signification de la Fête.
Des défis, de la croissance et de la satisfaction
Pendant mes études supérieures, j’avais travaillé un été dans un camp des jeunes de l’Église à Orr, dans le Minnesota. Pendant six semaines, j’avais emmené des campeurs pour des sorties de 3 ou 4 jours en canoë-kayak dans une des plus belles régions sauvages d’Amérique, la route frontalière des Voyageurs au nord du Minnesota. Ce fut un des étés les plus mémorables de ma vie. J’aimais être dans la nature, la camaraderie en travaillant avec l’équipe de canoë-kayak et la responsabilité de guider des campeurs dans une expérience inoubliable.
Au cours des six semaines, nous avons emmené des dizaines de campeurs sur l’eau. Mais les voyages dont je me souviens le plus sont ceux pendant lesquels nous avons eu des difficultés. Je me souviens de m’être réveillé par un matin glacial sans soleil, avec du givre sur la tente, d’enfiler des vêtements encore humides, de m’arrêter sur une pointe rocheuse pour « casser la croûte » recroquevillé sous une bâche à cause de la pluie battante et de traîner les embarcations sur un sentier de portage boueux de plus d’un kilomètre, encombré de débris et de bûches arrivant à la taille.
Paradoxalement, ces souvenirs restent plus vivaces – et plus significatifs – que les journées ensoleillées, sous une brise agréable, avec des nuages épars dans le ciel. Pourquoi ? Pas parce que l’expérience était plus plaisante, mais parce que nous devions parfois puiser dans nos ressources, être unis et travailler en équipe. Nous nous aidions les uns les autres en nous assurant que personne ne restait en arrière. Nous partagions nos fardeaux et nous terminions la course ensemble.
Je me souviens aussi d’avoir été un jeune dans l’Église et de me rendre neuf années de suite sur le même site de Fête auquel nous étions assignés à Wisconsin Dells. C’était à 2h de voiture de la maison et ce n’était pas une « escapade exotique ». Nous restions toujours dans le même hôtel dont la piscine extérieure était vide – et dans laquelle il n’y avait que des feuilles moisies et parfois un écureuil mort. La plupart du temps, le Dernier Grand Jour était l’occasion des premiers frimas de l’hiver, avec un vent mordant et parfois même de la neige.
Mais lorsque j’y repense, ces neuf années font partie de mes meilleurs souvenirs de Fête dans ma vie. Savez-vous de quoi je me souviens ? Bien entendu, je me disputais avec mes frères et sœurs sur la route – mais j’ai passé du bon temps avec ces mêmes frères et sœurs lorsque nous sortions ensemble, en riant et en nous amusant. Les répétitions de l’orchestre de la Fête semblaient-elles ennuyeuses et interminables ? Absolument ! Mais ce fut aussi l’occasion d’avoir des frissons dans le dos lorsque les cuivres annonçaient l’assemblée de la Soirée inaugurale. Mettre les chaises en place faisait-il partie de mon expérience rêvée de la Fête ? Pas vraiment. Mais ce travail au service des autres m’a permis de rencontrer de nouveaux amis et d’avoir un rôle à jouer pour permettre à l’ensemble des participants à la Fête d’honorer Dieu, de chanter et d’apprendre ensemble. Je n’oublierai jamais ces Fêtes.
Quels seront vos souvenirs de la Fête des Tabernacles 2020 ? Il ne fait aucun doute que la Fête de cette année sera inoubliable. Cela ne ressemblera à rien de ce que nous connaissons. Les choses seront différentes. Mais nos souvenirs se focaliseront-ils principalement sur les problèmes, les obstacles et les désagréments ? Ou bien repenserons-nous un jour à cette Fête en souriant lorsque nous nous rappellerons des petites choses qui auront eu lieu cette année-là : travailler ensemble, se rassembler en famille et apprendre de profondes leçons spirituelles de notre Père céleste ?
Les derniers mois nous ont rappelé à quel point il était important pour nous d’observer le sabbat et les Jours saints. À l’approche de la fin de cette ère, nous traverserons la période la plus troublée de l’Histoire. Nous avons besoin de cette Fête et des leçons que Dieu nous enseigne. Nous nous forgerons tous des souvenirs cette année. Quels seront les vôtres ?