Bien que les événements entourant la mort du Christ soient couramment appelés « les Pâques », les mouvements chrétiens actuels emploient souvent d’autres termes pour désigner spécifiquement la cérémonie du pain et du vin célébrée par le Christ, comme la « Sainte-Cène » ou le « repas du Seigneur ». Intuitivement, ces gens ressentent un lien entre les symboles de la « communion » et la Pâque observée par le Christ et Ses disciples, mais ils n’ont aucune intention de célébrer Pessah (la “Pâque juive”). Pour eux, Pessah fut observée par Jésus et Ses disciples uniquement parce qu’ils étaient Juifs et qu’ils observaient les cérémonies juives, mais les chrétiens n’ont plus à s’en soucier. Dans la langue française, afin de faire la distinction entre ces deux notions, il est usuel d’écrire « la Pâque » au singulier pour désigner la Pâque biblique (que le monde considère comme la “Pâque juive”) et « les Pâques » au pluriel pour désigner les cérémonies des catholiques et des protestants. De nombreux individus se disant chrétiens reconnaissent l’importance des symboles pascals, mais ils préfèrent utiliser d’autres termes pour dissocier la Pâque ordonnée par Dieu dans l’Ancien Testament d’avec la cérémonie instituée plus tard dans le Nouveau Testament. Voici l’explication d’un groupe protestant à ce sujet : « Le pain et le vin ne sont pas une Pâque. Pendant le dernier souper de Jésus, le repas était un repas de la Pâque ; le partage du pain et du vin eut lieu après le souper et les Écritures ne l’appellent pas une Pâque. Comment les Écritures appellent-elles cela ? Elles ne donnent pas un nom formel. Dans 1 Corinthiens 10 :16, Paul l’appelle une “coupe de bénédiction”. Au verset 21, il l’appelle “la coupe du Seigneur” et “la table du Seigneur”. Puisque les Écritures ne requièrent pas d’utiliser un nom spécifique, les chrétiens sont libres d’utiliser n’importe quel terme qui les aide à comprendre qu’ils parlent du partage du pain et du vin pour commémorer la mort de Jésus » (“Questions and Answers About the Lord’s Supper”, GCI.org, consulté le 8 février 2022). L’explication se poursuit en défendant l’utilisation de trois termes principaux pour remplacer « la Pâque » : la communion, l’eucharistie et le repas du Seigneur. Examinons ces termes de substitution qui sont si familiers dans le monde catholique et protestant actuel. Puis, voyons s’il est approprié d’utiliser l’un d’entre eux. La communionLe christianisme dominant utilise souvent le terme « communion » pour décrire le fait de recevoir une hostie et une petite quantité de vin, représentant selon eux le corps et le sang de Jésus-Christ. Mais « communier » est-il un terme approuvé par Dieu ? L’utilisation de cette expression est-elle appropriée ou correcte ? Voyons ce que disent les Écritures. Le mot « communion » apparaît 11 fois dans la Bible en français traduite par Louis Segond (édition originale) et 13 fois dans la révision de 1979 utilisée dans cette revue (Nouvelle Édition de Genève). Nous le trouvons par exemple dans 1 Corinthiens 10 :16 : « La coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas la communion au sang de Christ ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas la communion au corps de Christ ? » Certes, ce verset décrit un aspect très important de la Pâque, mais ce n’est pas le seul aspect de la Pâque. Ce terme n’englobe pas l’ensemble de l’immense signification du mot « Pâque » dans le contexte biblique. Ce verset met l’accent sur la notion de partage (“communion” est traduit du grec koinonia qui signifie “participation commune” ou “partager”), mais il ne préconise pas un mot de remplacement ou de substitution pour faire référence à la Pâque. Le mot koinonia est également employé dans 2 Corinthiens 6 :14, mais dans ce verset la plupart des Bibles en français traduisent ce mot par « commun » ou « union ». Nous lisons : « Ne vous mettez pas avec les infidèles sous un joug étranger. Car quel rapport y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? ou qu’y a-t-il de commun entre la lumière et les ténèbres ? » La version Ostervald traduit par « Quelle union y a-t-il entre la lumière et les ténèbres ? » Ici, le mot est utilisé pour montrer qu’il n’y a pas de communion (c.-à-d. une “chose en commun”) entre la justice et l’iniquité, mais il n’y a aucun rapport avec la Pâque. Nous n’aurions pas assez de place dans cet article pour examiner toutes les occurrences des mots « communion » ou koinonia, mais voyons un dernier exemple dans 2 Corinthiens 13 :13, où Paul conclut son épître en écrivant : « Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu, et la communion du Saint-Esprit, soient avec vous tous. » Autrement dit, Paul encouragea ses frères et sœurs à prendre à cœur leur « participation commune » ou leur « partage » du Saint-Esprit divin. C’est une conclusion parfaitement appropriée pour cette lettre, mais encore une fois, cela n’a rien à voir avec la Pâque. À ce propos, Paul donna-t-il des instructions aux frères et sœurs de Corinthe au sujet de la Pâque ? Eh bien, oui. Mais alors, quelle terminologie utilisa-t-il ? « C’est bien à tort que vous vous glorifiez. Ne savez-vous pas qu’un peu de levain fait lever toute la pâte ? Faites disparaître le vieux levain, afin que vous soyez une pâte nouvelle, puisque vous êtes sans levain, car Christ, notre Pâque, a été immolé » (1 Corinthiens 5 :6-7). Paul comprenait que le Christ était directement associé à la Pâque biblique et il mit l’accent sur cette vérité dans ses écrits. Lorsque nous lisons sa seconde épître aux Corinthiens, il donna même des instructions spécifiques concernant la bonne façon de célébrer la Pâque. Si le Christ avait élaboré un nouveau terme pour désigner la Pâque, il serait logique qu’Il l’ait utilisé ne serait-ce qu’une fois. Mais Il ne le fit pas. Et si les apôtres croyaient qu’il fût important de remplacer le mot « Pâque » par « communion », n’auraient-ils pas donné cette instruction ? Mais ils ne le firent pas. Dans ces conditions, pourquoi devrions-nous conclure que le Christ, la Parole, Celui qui communique Sa volonté au moyen des Saintes Écritures, souhaite que nous remplacions le nom de la « Pâque » par « communion » ? En réalité, le terme de « communion » a seulement servi à distancier la pratique catholique, puis protestante, de la Pâque historique et biblique. L’eucharistieEst-il approprié d’utiliser le terme « eucharistie » pour désigner la cérémonie au cours de laquelle nous partageons les symboles du corps et du sang du Christ ? D’où provient l’utilisation de ce mot pour se référer aux symboles et à la célébration de la Pâque ? « Parmi les premiers écrits chrétiens, en dehors du NT [Nouveau Testament], le Didachè, les lettres d’Ignace d’Antioche et l’Apologie de Justin de Naplouse méritent d’être étudiés en tant que témoignages du repas du Seigneur. Dans ces écrits, le terme technique pour [désigner] le repas du Seigneur est eucharistie […] un mot qui a longtemps prévalu dans la tradition chrétienne et qui reste dominant, comme dans le passé, dans les milieux catholiques » (The Anchor Bible Dictionary, volume 4, page 363). Le christianisme dominant a tiré le terme « eucharistie » du grec eucharisteo, qui se réfère à une action de grâce. Leur idée est que les chrétiens « rendent grâce » pour le vin représentant le sang versé de Jésus, pour lequel ils sont reconnaissants. Mais est-il approprié et correct d’utiliser « l’eucharistie » pour remplacer la « Pâque » ? Pas du tout. D’ailleurs, le mot grec eucharisteo n’apparaît jamais dans le Bible dans ce contexte. Bien que nous devrions avoir une attitude reconnaissante envers Dieu et pour le sacrifice de notre Sauveur, Jésus-Christ, nous n’avons reçu nulle part la permission de remplacer le terme significatif, historique et prophétique de la « Pâque » par « l’eucharistie » ! Cela reviendrait à nous octroyer l’autorité de dénaturer la signification de la Pâque et de dissocier éhontément l’Ancien Testament du Nouveau. Le repas du SeigneurQue dire du « repas du Seigneur », aussi appelé la « Sainte-Cène » ? (Note : le mot “cène” vient du latin cena, signifiant “souper” ou “repas du soir”.) Devrions-nous utiliser ce terme ? D’où vient-il ? Examinons 1 Corinthiens 11 qui contient l’expression « le repas du Seigneur ». Nous allons nous pencher sur deux sections en particulier. Tout d’abord, les versets 17-22 se focalisent sur un problème ayant lieu à Corinthe, puis les versets 23-34 contiennent les instructions de Paul pour résoudre ce problème. En lisant la première section, nous voyons que les frères et sœurs à Corinthe continuaient de partager un repas lors de la Pâque, tout en lui accolant le titre du Christ. Dans les premières années de l’Église du Nouveau Testament, c’était parfois un défi de comprendre quelles activités spécifiques devaient être maintenues et lesquelles avaient été remplacées. La controverse au sujet de la circoncision en est l’exemple le plus connu, mais il apparaît que Paul abordait un autre problème dans cette lettre : comment l’Église devait-elle observer la Pâque du Nouveau Testament ? Il utilisa cette occasion pour fournir une réponse claire. Mais notez comment il parla d’abord de la façon dont les Corinthiens se comportaient : « En donnant cet avertissement, ce que je ne loue point, c’est que vous vous assemblez, non pour devenir meilleurs, mais pour devenir pires. Et d’abord, j’apprends que, lorsque vous vous réunissez en assemblée, il y a parmi vous des divisions – et je le crois en partie, car il faut qu’il y ait aussi des sectes [c.-à-d. des divisions] parmi vous, afin que ceux qui sont approuvés soient reconnus comme tels au milieu de vous. – Donc lorsque vous vous réunissez, ce n’est pas pour manger le repas du Seigneur ; car, quand on se met à table, chacun commence par prendre son propre repas, et l’un a faim, tandis que l’autre est ivre. N’avez-vous pas des maisons pour y manger et boire ? Ou méprisez-vous l’Église de Dieu, et faites-vous honte à ceux qui n’ont rien ? Que vous dirai-je ? Vous louerai-je ? En cela je ne vous loue point » (1 Corinthiens 11 :17-22). Ce sont des paroles fortes et réprobatrices. Il les réprimanda pour avoir importé des caractéristiques de la culture environnante dans un milieu qui aurait dû être rempli d’amour divin, de fraternisation et de respect. En fait, cette épître contient de nombreuses critiques cinglantes. Mais en donnant des instructions pour corriger le problème, Paul ne mit pas l’accent sur le fait de changer le nom de la Pâque. Il suivit plutôt l’exemple du Christ (Matthieu 26 :26-30) et il indiqua à ses frères et sœurs les nouveaux symboles qui mettent l’accent sur l’accomplissement de la Pâque. Il détourna leur attention du repas et il donna des instructions importantes pour l’observance de la Pâque du Nouveau Testament : « Car j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai enseigné ; c’est que le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain, et, après avoir rendu grâces, le rompit, et dit : Ceci est mon corps, qui est rompu pour vous ; faites ceci en mémoire de moi. De même, après avoir soupé, il prit la coupe, et dit : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang ; faites ceci en mémoire de moi toutes les fois que vous en boirez. Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne » (1 Corinthiens 11 :23-26). Paul réprimanda les Corinthiens pour la manière dont ils se conduisaient pendant ce repas. Mais le plus important est qu’il utilisa cet incident pour leur enseigner à observer la Pâque du Nouveau Testament de la bonne manière. La signification de la Pâque n’était pas au sujet d’un repas. Celui-ci était une commémoration d’un événement faisant partie de l’histoire de l’Israël physique et il contenait une signification prophétique du sacrifice à venir de Jésus-Christ. Lorsque le Christ accomplit ce sacrifice avec Son corps et Son sang, en nous rachetant tous de l’amende de la mort, Il introduisit les symboles du pain et du vin, en ordonnant à Ses disciples et à ceux qui suivraient d’utiliser ces symboles pour se remémorer cette leçon chaque année. Pour résumer, l’accent n’a pas été mis sur un changement de terminologie, mais plutôt sur le fait de corriger ce que faisaient les membres de Corinthe et de les orienter vers la Pâque du Nouveau Testament, avec toute sa symbolique et son importance pour ceux qui étaient désormais sous la nouvelle alliance. Une chronologie instructiveLa chronologie est un autre point intéressant à examiner dans notre étude pour déterminer si nous devrions continuer à appeler la cérémonie de la Pâque par ce nom-là ou employer un autre terme. Dans la première épître aux Corinthiens, rédigée par Paul vers 55 apr. J.-C., il mentionna que le Christ était l’accomplissement de la Pâque et il corrigea les membres de Corinthe sur leur façon de l’observer. Il parla aussi des Jours des Pains sans Levain. Quelques années plus tard, vers 60 apr. J.-C., nous voyons dans les premiers écrits des Évangiles, alors en cours de rédaction, une utilisation constante du mot « Pâque », sans aucun changement de terminologie ! Les événements liés à la Pâque et à la crucifixion du Christ furent tellement importants que Matthieu leur consacra dix chapitres. Plus tard, Marc et Luc rédigèrent respectivement six et cinq chapitres et demi à ce sujet. En l’an 60 de notre ère, ces trois hommes écrivirent au sujet du Christ, de Sa vie, de Son enseignement et tout ce qui Le concernait – mais ils ne mentionnèrent absolument rien concernant un changement de terminologie pour la Pâque. Au contraire, ils renforcèrent l’observance et la terminologie de la Pâque. Avançons encore d’une décennie, vers l’an 70, lorsque Paul utilisa à nouveau le terme de la « Pâque » dans Hébreux 11. Puis, vers 90-100 de notre ère, l’apôtre Jean mentionna la Pâque plus que n’importe quel autre rédacteur du Nouveau Testament dans l’Évangile qui porte son nom, en employant ce mot dans neuf versets distincts (traduction Louis Segond NEG). Il consacra près de la moitié de cet Évangile à la Pâque, à la crucifixion et aux quelques heures qui s’écoulèrent jusqu’à la mort du Christ. Mais dans toute la description détaillée de ces instants qui prirent une nouvelle dimension suite au sacrifice du Christ, aucun des nouveaux termes que nous avons évoqués n’est utilisé ! De nombreuses opportunités se présentèrent pour introduire des termes « nouveaux et améliorés » pour remplacer la « Pâque », mais aucun changement de la sorte ne fut cautionné par le Christ ou par Ses apôtres ! Pourquoi le nom de “la Pâque” est-il important ?Dans les Écritures, le mot « Pâque » se référa d’abord à un événement historique. Lorsque les Israélites reçurent des instructions détaillées sur la manière d’observer la première Pâque dans Exode 12 :1-14, ils étaient bien loin d’imaginer que toutes les instructions données se référaient au Christ et à l’établissement de la nouvelle alliance. Au verset 13, l’expression « passer par-dessus » (de l’hébreu pacach) révèle l’étymologie du mot « Pâque ». En effet, les Israélites furent protégés et l’ange de la mort « passa par-dessus » eux, en leur donnant un nouvel élan de vie grâce au sang qui fut répandu sur les montants et les linteaux des portes. De la même manière, nous avons reçu la vie – la promesse de la vie éternelle – grâce au sang expiatoire de Jésus-Christ. L’agneau « sans défaut » représentait la vie parfaite et exempte de péché du Christ. Le 14ème jour du mois d’abib (ensuite appelé nisan) annonçait le jour même où Il serait crucifié. La façon dont l’agneau devait être préparé et consommé préfigurait le sacrifice total du Christ. La toute première étape cruciale du plan divin pour l’humanité est révélée au travers de la Pâque. Lorsque l’apostasie commença à s’engouffrer dans l’Église et que les dirigeants commencèrent à s’éloigner de l’ordre divin d’observer la Pâque – en utilisant des termes différents et en organisant cette cérémonie le ou les jours de leur choix – ils perdirent de vue le plan de Dieu. Lorsque des termes comme « eucharistie », « communion », « repas du Seigneur » ou « Sainte-Cène » commencèrent à être employés, ils estompèrent la signification de la véritable Pâque et des instructions divines pour l’observer, au lieu de rendre le plan divin plus clair. Cette signification a tellement été estompée que, de nos jours, de nombreux chrétiens considèrent même que « la Pâque » n’est rien d’autre qu’une cérémonie juive. La signification de la Pâque, décrite en détail dans Exode 12, va bien au-delà d’une nuit de terreur pour les Égyptiens. Chaque aspect de cette première commémoration de la Pâque était en lien direct avec Celui qui viendrait non seulement l’accomplir, mais aussi introduire de nouveaux symboles qui renforceraient encore plus clairement sa signification pour ceux qui sont sous la nouvelle alliance. Utiliser des descriptions et des termes alternatifs, destinés à brouiller intentionnellement ce lien, affaiblit notre compréhension du plan divin. Voici des raisons extrêmement importantes pour lesquelles nous appelons la cérémonie commémorant le sacrifice du Christ « la Pâque » et non par un autre terme qui nous conviendrait. En fait, utiliser d’autres termes affaiblit et obscurcit la véritable signification de cette importante cérémonie. Alors que, dans l’Église de Dieu, nous nous préparons à observer la Pâque du Nouveau Testament dans quelques semaines, réjouissons-nous de la connaissance que Dieu nous a donnée et de la véritable signification de cette formidable commémoration annuelle !
Article a267 – www.eglisedieuvivant.org
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