Beaucoup de personnes affirment désormais que Jésus et Ses disciples enfreignaient constamment le quatrième commandement, démontrant ainsi qu’il n’était plus en vigueur. Jésus-Christ a-t-Il vraiment transgressé le sabbat ? Et permit-Il à Ses disciples de transgresser le commandement du sabbat ? À la lecture des Évangiles selon Matthieu, Marc, Luc et Jean, il apparaît clairement que les dirigeants juifs avaient une animosité incroyable à l’égard de Jésus, de Ses actions et de Ses enseignements. Il fut particulièrement critiqué pour Son comportement, et celui de Ses disciples, pendant le jour du sabbat. Jésus fut « interpellé » à plusieurs reprises, notamment par les pharisiens, suite à des actions que Lui ou Ses disciples effectuèrent pendant le jour du sabbat. Une de ces accusations eut lieu alors que Jésus et Ses disciples traversaient un champ de blé le jour du sabbat. « En ce temps-là, Jésus traversa des champs de blé un jour de sabbat. Ses disciples, qui avaient faim, se mirent à arracher des épis et à manger. Les pharisiens, voyant cela, lui dirent : Voici, tes disciples font ce qu’il n’est pas permis de faire pendant le sabbat » (Matthieu 12 :1-2). En tant que disciples, nous comprenons que le fait d’arracher des épis pour en manger le grain était autorisé, comme le montre le Deutéronome 23 :24-25. Les lois divines permettaient de manger dans un champ ou une vigne, tant que la personne restait sur place et n’emportait rien avec elle. Cependant, il s’agit là d’un jour de sabbat et les pharisiens affirmèrent que les disciples avaient transgressé le commandement du sabbat en arrachant et en mangeant le grain. Les disciples de Jésus enfreignirent-ils le sabbat avec Son approbation, comme le prétendaient les pharisiens ? Non, les disciples n’ont pas transgressé le commandement du sabbat, défini par Dieu dans Exode 20 et Deutéronome 5. Ils ne péchèrent pas en arrachant et en mangeant le grain, ils ne transgressèrent pas la loi divine. En revanche, ils transgressèrent des règles et des lois humaines connues sous l’appellation de « droit rabbinique ». Qu’est-ce que ce droit rabbinique ? Une histoire d’interprétationLes lois rabbiniques sont les traditions orales basées sur les interprétations de la Torah (les cinq premiers livres de l’Ancien Testament) par des rabbins. Ces traditions orales, souvent appelées la « loi orale », sont considérées dans le judaïsme comme le commentaire définitif de la Torah, expliquant comment ses commandements doivent être appliqués dans des situations pratiques. Plus tard, ces commentaires et ces règlements furent codifiés dans le Talmud, qui est le compte rendu textuel de générations de débats rabbiniques à propos de la loi, des interprétations bibliques et des règles supplémentaires qui, selon certains, commencèrent à être codifiées vers l’an 100 av. J.-C. Le Talmud est devenu la base de ce que nous appelons aujourd’hui le judaïsme rabbinique, qui devint la forme prédominante du judaïsme au sixième siècle de notre ère. Toutefois, comme l’indique le Talmud, ces traditions et ces lois orales étaient observées par les juifs bien avant le premier siècle et reconnues comme étant à la base des « Treize principes de foi » par Maïmonide (1138-1204), un des plus grands érudits juifs du Moyen Âge. Le Talmud contient un ensemble de lois spécifiques relatives au sabbat, appelées les 39 mélakhot. La plupart des juifs pratiquants considèrent que le Talmud est aussi important que la Torah et les juifs orthodoxes se donnent beaucoup de mal pour respecter les exigences techniques et les interdictions des 39 mélakhot. Il s’agit de règles ajoutées aux instructions bibliques et non de lois présentes dans la Bible concernant le sabbat. Les autorités juives codifièrent un grand nombre de ces lois orales avant la venue de Jésus-Christ sur Terre. En examinant certaines de ces interdictions, nous comprenons mieux pourquoi les pharisiens accusèrent Jésus d’avoir transgressé le sabbat. Selon les 39 mélakhot, les actions interdites pendant le jour du sabbat comprennent le labourage, la plantation, la récolte, la séparation, le broyage et le tamisage, pour n’en citer que quelques-unes. C’est peut-être l’action de cueillir les épis, considérée comme une récolte, qui incita les pharisiens à porter une accusation, ou peut-être le fait que les disciples séparaient le grain du son en froissant les épis entre leurs mains. Une “clôture” autour de la loiUne des mélakhot interdit de porter un fardeau en dehors de sa maison ou de son domaine personnel pendant le jour du sabbat ; il s’agit de hotsaa, la 39ème interdiction. Selon l’enseignement rabbinique, un fardeau peut être des clés de maison, de la nourriture ou même le fait de pousser un landau. Cette interdiction signifie, par exemple, que les femmes juives ayant des enfants en bas âge ne pouvaient pas quitter leur domicile pendant le sabbat ou assister aux offices religieux dans une synagogue. Les dirigeants religieux ont donc trouvé une solution à ce problème sous la forme de ce qu’ils ont appelé les érouvs, dérivé de l’hébreu erouv hatserot, signifiant « amalgame de plusieurs domaines » pour en faire un seul. Les érouvs peuvent être comparés à des murs, des clôtures ou d’autres délimitations et ils sont généralement matérialisés par un fil monté sur des poteaux. Vous ne remarquerez probablement pas ces fils dans les communautés juives, car ils sont généralement placés à la hauteur des bulbes des lampadaires. Pour les juifs pratiquants, les érouvs sont des frontières symboliques qui définissent le mélange de leur domaine privé avec le domaine public. Un érouv étend le domaine privé au domaine semi-public ou public, de sorte que les fardeaux, définis par l’enseignement rabbinique, peuvent être transportés pendant le sabbat en dehors des murs physiques d’une maison, car ils se trouvent toujours à l’intérieur des limites de l’érouv. Aussi longtemps qu’un juif pratiquant reste dans les limites de l’érouv, il est autorisé à pousser un landau ou à transporter de la nourriture pendant le sabbat. Le concept de l’érouv fut établi pour la première fois il y a près de 2000 ans, ce qui témoigne de l’influence de la loi orale au premier siècle. De nos jours, l’arrondissement new-yorkais de Manhattan possède un des plus longs érouvs du monde. « Un fil presque invisible part de la 126ème rue, à Harlem, descend jusqu’à Battery Park et remonte jusqu’à la 111ème rue, le long de l’East River. »1 Cet érouv est en place depuis 1905, dans le cadre d’un accord contractuel entre la ville de New York et la communauté juive. (Des villes telles que Strasbourg, Metz, Londres, Anvers ou Montréal ont un ou plusieurs quartiers entourés d’un érouv.) Il est clair que la communauté juive prend très au sérieux ces lois humaines qui ont été ajoutées aux instructions bibliques. C’est pourquoi Jésus et Ses disciples furent constamment pris à partie pour leurs actions pendant le jour du sabbat. Une autre interdiction des 39 mélakhot est d’allumer du feu le jour du sabbat ; il s’agit de mav’ir, la 37ème interdiction. Pour les juifs pratiquants, cela signifie que le fait d’appuyer sur un interrupteur ou d’allumer une cuisinière est considéré par l’enseignement rabbinique comme une transgression du sabbat. Là encore, les juifs pratiquants ont trouvé des solutions pour contourner cette interdiction, car ils attachent autant d’importance, voire davantage, aux 39 mélakhot qu’à la loi de Dieu. Les brûleurs d’une cuisinière sont ainsi allumés avant le début du sabbat et un couvercle métallique spécial est placé au-dessus afin que la nourriture puisse être réchauffée au cours du sabbat. Les lumières sont allumées avant le sabbat ou contrôlées par une minuterie automatique. La lumière du réfrigérateur doit aussi être désactivée afin de ne pas s’allumer si l’appareil est ouvert pendant le sabbat. Certains fabricants d’appareils électroménagers conçoivent même des cuisinières et des réfrigérateurs compatibles avec ces restrictions pour le sabbat. Dans le quartier de Williamsburg, situé dans l’arrondissement de Brooklyn à New York, où vit une importante population juive, quelques lotissements de logements sociaux sont principalement peuplés de juifs pratiquants. L’ascenseur d’un de ces immeubles, Independence Towers, est équipé d’une commande spéciale qui provoque l’arrêt automatique de l’ascenseur à chaque étage. Elle est activée avant chaque sabbat, de sorte que les juifs pratiquants de l’immeuble n’ont pas besoin d’appuyer sur des boutons pour entrer et sortir de l’ascenseur pendant le jour du sabbat. Les résidents attendent simplement que l’ascenseur s’ouvre à leur étage et, une fois entrés, attendent qu’il s’arrête à l’étage où ils veulent descendre. Cette tour compte 23 étages. Comme vous pouvez l’imaginer, cela peut prendre 20 minutes ou plus pour sortir du bâtiment par l’ascenseur le jour du sabbat. Une libération du fardeau consistant à contourner les fardeauxPourquoi les enseignants et les rabbins juifs ont-ils ajouté ces interdictions supplémentaires concernant le sabbat ? Leurs motivations étaient probablement sincères : ils voulaient protéger et préserver les commandements de la Torah en construisant une « clôture » autour d’eux. Mais, comme vous le constatez dans le récit des disciples de Jésus mangeant des épis de blé, le raisonnement humain est devenu incontrôlable. La plupart des juifs pratiquants nieront que ces lois orales et les 39 mélakhot constituent un fardeau inutile, mais nous constatons que l’enseignement rabbinique a établi de nombreux moyens de contourner ces interdictions afin de permettre aux juifs de poursuivre plus facilement leurs activités quotidiennes. Jésus-Christ comprenait bien le fardeau imposé par les traditions, en disant qu’ils « lient des fardeaux pesants, et les mettent sur les épaules des hommes, mais ils ne veulent pas les remuer du doigt » (Matthieu 23 :4). Si Jésus avait transgressé les commandements divins, nous n’aurions pas de Sauveur. L’apôtre Paul a déclaré : « Celui qui n’a point connu le péché, il l’a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu » (2 Corinthiens 5 :21). Jésus fut contesté à de nombreuses reprises par les pharisiens et d’autres juifs religieux suite à ce que Lui ou Ses disciples faisaient pendant le jour du sabbat, comme le fait de guérir des gens. Pourtant, Jésus-Christ n’a jamais transgressé le commandement divin concernant le sabbat et Il n’a jamais approuvé que Ses disciples le fassent. En revanche, Il a enfreint plusieurs traditions orales et interdictions qui avaient été ajoutées à la Bible, des lois créées par l’homme et qui ont finalement été codifiées dans les 39 mélakhot du Talmud. Mais enfreindre ces traditions ne constitue pas un péché, car celui-ci consiste à transgresser la loi de Dieu (1 Jean 3 :4). Les hommes ne peuvent pas être plus justes que Dieu. Il nous a donné une loi complète, codifiée dans les commandements et les lois bibliques. Cette loi est le reflet même de Sa pensée, afin que nous puissions apprendre, à notre tour, à effectuer des décisions sages dans notre cheminement. Aucun code ou interprétation de l’homme ne pourra jamais améliorer ce que Dieu a donné pour nous enseigner et nous guider. 1 “The Manhattan Eruv”, AltasObscura.com, 2017
Article a355 – www.eglisedieuvivant.org
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